Dans le cadre de la 22e édition du Salon international du livre d'Alger (Sila), qui se tient du 26 octobre au 5 novembre, les maisons d'édition algériennes proposent différentes nouveautés qui viennent de sortir de l'imprimerie. À cette occasion, voici une petite présentation des dernières publications des éditions Frantz-Fanon et Koukou. FRANTZ-FANON EDITIONS Kamel Daoud, esquisse d'un phénomène postcolonial algérien, ouvrage collectif sous la direction Boukhalfa Laouari Regroupant des universitaires et des chercheurs de divers horizons, cet ouvrage interroge la problématique de la relation à l'Autre en s'appuyant sur le cas de Kamel Daoud, conçu comme étant un phénomène postcolonial majeur. Cet ouvrage questionne aussi les raisons du succès de Meursault, contre-enquête en France alors qu'il est passé quasiment inaperçu lors de sa publication en Algérie. Alternant approche scientifique rigoureuse et critique empirique, il offre un condensé de possibilités de lecture de Kamel Daoud aussi bien à travers son roman qu'à travers ses prises de positions. Il donne, en outre, à réfléchir sur les enjeux culturels Nord/Sud. Cet ouvrage est de Boukhalfa Laouari, enseignant de théories littéraires et théories de la culture à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, il finalise sa thèse de doctorat en théâtre postcolonial. Ont contribué à cet ouvrage : Pierre Boisette, Jane Hiddleston, Sarah Slimani, Joseph Ford, Youcef Merahi, Djamel Laceb, Rachid Mokhtari. Prix 600 DA. Mouloud Mammeri, mémoire, culture et tamusni (étude) de Fatima Malika Boukhelou Cet ouvrage est l'un des premiers travaux scientifiques faits sur l'œuvre de l'écrivain, anthropologue, essayiste et linguiste qu'est Mouloud Mammeri dont le centenaire est célébré au cours de cette année 2017. Recourant à une analyse anthropologique de La Colline oubliée publiée en 1952, cet ouvrage s'attache à l'étude de tamusni – culture spécifiquement berbère et essentiellement orale – dans la mesure où Mammeri, amusnaw de sa société, s'est inspiré de la source première où ont puisé ses devanciers, qui n'avaient que le verbe et la mémoire pour être les médiateurs entre les générations, le monde et la culture. L'intérêt de ce travail consiste à montrer que cette oralité, entée à la mémoire, déployée dans sa dimension de mémoire comme art au sens de mémorisation et comme conservatoire du passé, est appelée à mourir comme esprit pour renaître comme lettre. L'ère de l'oralité doit céder le pas à l'écriture pour permettre à la langue berbère d'exprimer les siens, de les faire advenir au monde, à l'histoire et à la contemporanéité. L'auteure Malika Fatima Boukhelou est professeur de littérature maghrébine et comparée à l'université de Tizi Ouzou. Auteur de plusieurs articles et contributions dans diverses revues scientifiques nationales et internationales. Prix 700 DA. Algéricides, chroniques d'un pays inquiet (chroniques) de Rabeh Sebaa Ces chroniques sont nées au creux d'une temporalité sociétale nourrie de faits et d'événements qui habitent et agitent le corps convulsif de l'Algérie. Au tréfonds du questionnement angoissé. Au cœur de l'inquiétude révulsée. Elles se veulent le reflet de l'expression affligée des colères scandalisées, qui secouent invariablement les vécus et les ressentis des femmes et des hommes qui aiment leur pays. Des femmes et des hommes qui répandent inlassablement de la dignité sur les faces blafardes des engeances prédatrices qui s'attellent à le bafouer, à le meurtrir et à l'outrager. Rabeh Sebaa est professeur de sociologie et d'anthropologie linguistique. Chercheur en épistémologie des sciences sociales, il est aussi coordinateur des enseignements d'anthropologie culturelle, membre de la rédaction de la revue des Sciences Sociales, fondateur de la revue Confluences-Algérie et responsable du projet l'Algérie dans la Méditerranée à l'université Oran II. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, essais, chroniques, récits et nouvelles. Prix 800 DA. Un été sans juillet, Algérie, 1962 (roman) de Salah Guemriche "Le 1er juillet 1962, le jour où l'Algérie entrait dans l'indépendance, Larbi entra dans le coma." Larbi, collégien de 16 ans, a été victime d'un attentat OAS. Lorsqu'il se réveille, trente-trois jours plus tard, il ouvre les yeux sur une vision insolite, qui va le poursuivre toute sa vie. Représailles anti-harkis, ruée sur les biens vacants, lynchage du dernier Lévy de la ville... Témoin des prévarications, Larbi le sera aussi des heurs et malheurs de la société des femmes : l'occasion, pour l'auteur, dans des scènes où l'intensité dramatique n'exclut pas la tendresse ni l'érotisme, de nous faire pénétrer un univers aux antipodes des clichés et partis pris qui grèvent le regard porté encore de nos jours sur la complexe réalité algérienne. L'auteur, Salah Guemriche, est un universitaire et écrivain algérien. Il a publié une douzaine d'ouvrage en France, notamment Dictionnaire des mots français d'origine arabe préfacé par Assia Djebar, Alger-la-Blanche, biographies d'une ville, Le Christ s'est arrêté à Tizi Ouzou. Prix 600 DA. La crise du régime rentier. Essai sur une Algérie qui stagne (essai) de Samir Bellal Pourquoi la disponibilité de la rente a empêché l'instauration d'une économie performante au point où certains parlent d'intoxication pétrolière en Algérie ? Pourquoi la rente a perverti le modèle d'accumulation en Algérie ? Comment s'explique la prédominance de la rente dans la répartition des revenus en Algérie et quels en sont les effets sur la dynamique interne des processus d'accumulation ? C'est à ces questions que ce livre tente de répondre. Mais par-delà les spécificités de l'expérience algérienne de développement, l'idée est aussi de savoir sous quelles conditions et dans quelles limites la rente d'origine externe peut être convertie en ressource pour financer l'accumulation. Plus précisément, il s'agit de savoir au travers de quels mécanismes institutionnels est-il possible d'impulser durablement la transformation de la rente en capital productif. Et de cerner le rôle fondamental que jouent les compromis institutionnels dans l'établissement d'une économie productive dans un contexte où l'essentiel du surplus est de nature rentière. L'auteur Samir Bellal est diplômé de l'Institut national de la planification et de la statistique (INPS-Alger) et de l'Université Lyon 2, il enseigne actuellement à la faculté de sciences économiques de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Prix : 800 da. Les sons de la Cité (recueil de poésie) de Djamila Musette Sociologue au Cread durant les années 1990, la période sanglante du terrorisme, l'auteure voit ce centre se vider de ses chercheurs. C'est l'exil forcé. D'autres ont pris le risque de rester en jouant à cache-cache avec la mort. Et c'est dans ce contexte qu'Alger...mon jasmin a été conçu. Un moyen pour survivre ! Mais voici les années 2000, la vie revient dans la Cité... avec de nouveaux maux. Quant au terrorisme, il traverse les frontières. La mort se répand ailleurs... de nouvelles douleurs. Dans ce cadre, elle se libère. C'est alors "Blessure", "Délivrance", "Adieu". Ce sont là Les Sons de la Cité que livre dans ce recueil de poésie Mme Musette pour qui la vie sans écorchure est un rêve. Prix : 500 DA. KOUKOU EDITIONS Naufrage judiciaire. Les dessous de l'affaire Cnan (336 pages) de Ali Koudil "La juge en charge du naufrage du Béchar fut d'un cynisme effroyable. Elle prononce, sans état d'âme, une condamnation à 15 années de prison, après une conduite scandaleuse du procès. Avant elle, le procureur de la République, le juge d'instruction et les magistrats de la chambre d'accusation n'avaient pas hésité, tels de "froids tueurs à gages", à participer à une parodie de justice, bien que me sachant innocent des accusations portées contre moi. Ces magistrats-mercenaires ont transformé l'institution judiciaire en vulgaire instrument de coercition contre les citoyens." Ce coup de gueule est celui d'un homme broyé par la machine judiciaire. PDG de la Cnan, il était désigné, avec d'autres cadres de la compagnie maritime, comme bouc émissaire dans le naufrage du Béchar, le navire qui avait coulé le 13 novembre 2004 dans la rade d'Alger, faisant seize morts. En dévoilant les dessous hideux d'une justice sous influence et en secouant le mythe d'une réforme pénitentiaire qui aurait humanisé les prisons, Ali Koudil nous rappelle que notre liberté est bien précaire, et que nul n'est à l'abri d'un règlement de comptes. Prix : 1000 DA.