Avec un tel résultat s'il se confirme, le gouvernement ne pourrait pas réduire le chômage. La croissance économique en Algérie devrait ralentir à "1,5% en 2017, puis diminuer à 0,8% en 2018, sous l'effet de la compression projetée des dépenses publiques, avant de se redresser à 2,4% en 2022", souligne le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques de la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (Moanap), présenté, lundi 30 octobre, à Dubaï. Le fait que la croissance économique baissera à 0,8% en 2018 est une mauvaise chose en soi. Cela aura des conséquences sur le marché du travail et sur l'évolution de l'économie de manière générale. Cela veut dire quasiment une panne de l'économie nationale l'an prochain et une croissance faible jusqu'en 2022. La richesse nationale n'augmentera que très légèrement. Ce qui empêchera pendant cette période la réduction du chomage et une amélioration nette du pouvoir d'achat des Algériens. Le salaire minimum (SNMG) risque de ne pas évoluer et donc de plomber les autres salaires. Ces chiffres contrastent nettement avec ceux avancés par le gouvernement dans le projet de loi de finances pour 2018. En effet, le cabinet Ouyahia lui prédit une croissance réelle en 2018 de l'ordre de 4% pour le PIB et 3% pour le PIB hors hydrocarbures. Quant aux prévisions établies pour 2019 et 2020, elles situent la croissance économique respectivement à 4,2% et à 4,6%. Hors hydrocarbures, elle devrait s'établir à 3,8% en 2019 et 2020. Le FMI contredit donc le premier ministre. Ce dernier table sans doute sur la planche à billets pour pouvoir financer cette croissance. Le résultat n'est pas évident. Et la planche à billets a pour inconvénient la hausse des prix des produit de large consommation. Le pouvoir d'achat de la majorité des citoyens pourrait être affecté. Ce qui n'est pas sans risque sur la paix sociale. Le législateur explique que la restructuration du contenu de la croissance économique devrait résulter notamment du retour de la croissance dans les hydrocarbures plutôt que d'un repli des activités des autres secteurs. L'institution de Bretton Woods a par ailleurs averti les pays de la région dont l'Algérie contre la hausse des prêts improductifs et le risque de la détérioration des actifs. Que signifie le terme prêt improductif dans le jargon bancaire ? Prêt pour lequel le débiteur éprouve des difficultés particulières dans l'exécution de ses obligations selon les conditions de paiement prévues, pouvant compromettre la restitution de la somme ou du bien au prêteur, plus les intérêts le cas échéant. Le Fonds monétaire met en fait le doigt sur les zones sensibles en matière de crédits notamment aux jeunes entrepreneurs dont certains d'entre eux éprouvent des difficultés à rembourser leurs dettes. Les gouvernements successifs se sont efforcés de s'attaquer à ce problème. Le rééchelonnement des dettes et l'effacement des agios (le produit des intérêts) est l'une des formules évoquées par les autorités pour redonner de l'oxygène aux entreprises en difficulté. Les dettes et les agios seront retraités dans le cadre d'une convention signée, il y a quelques semaines, entre les banques publiques (la Banque de l'agriculture et du développement rural, le Crédit populaire d'Algérie, la Banque nationale algérienne, la Banque de développement local et la Banque extérieure d'Algérie), l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej) et la Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac). Toutefois, l'application de ces nouvelles mesures est soumise à conditions : le jeune promoteur doit prouver que le matériel est toujours en sa possession, qu'il est affilié au Fonds de garantie et doit avoir remboursé 5 à 10% du crédit. Au plan budgétaire, le FMI a souligné que l'Algérie a annoncé des programmes d'assainissement "ambitieux", même si le pays pourrait opter pour un ajustement plus progressif à court terme afin de limiter les effets négatifs sur la croissance. En Algérie, l'ajustement cible principalement les dépenses, ajoute le Fonds. Le Fonds monétaire a noté que des progrès "très notables" sont observés en ce qui concerne l'établissement d'un cadre budgétaire à moyen terme en Algérie ainsi que dans d'autres pays du Golfe comme l'Arabie saoudite, le Koweït et le Qatar. Dans ces pays exportateurs de pétrole, la faiblesse des cours et l'ajustement budgétaire "continuent de peser sur la croissance non pétrolière". Youcef Salami