Cette région très boisée et peu fréquentée, à longueur d'année, constitue la destination par excellence de nombreux trafiquants de stupéfiants. La découverte, pour la énième fois, de quantités importantes de drogue, notamment du kif traité (près de 400 kg depuis l'été dernier), bien enveloppées dans des sachets de plastique à hauteur des différentes plages et criques de la côte de Chetaïbi (ex-Herbions), à 70 km à l'ouest de la wilaya de Annaba, laisse supposer que cette région, très boisée et peu fréquentée à longueur d'année, constitue la destination par excellence de nombreux trafiquants de stupéfiants. D'ailleurs, les enquêteurs des brigades spécialisées dans la lutte contre ce fléau, qualifient cette contrée “de plaque tournante du trafic de drogue à partir de laquelle sont approvisionnées les wilayas limitrophes, voire l'est du pays”. Du fameux Cap de Fer, limitant cette daïra à la commune de la Marsa (Skikda), en passant par Sidi Okacha, Bouchetot les Sables d'or, la baie ouest, ainsi que la majorité de la partie est du golf de Tekouche en allant vers Aïn Barbar, sont encore à l'état sauvage. Ces coins paradisiaques sont, cependant, à longueur d'année non fréquentés en raison des groupuscules de terroristes qui rodent dans les parages, ce qui a incité les trafiquants de tous bords à opter pour cette région dont la forêt occupe pratiquement 90% de sa superficie, estiment nos sources. Aujourd'hui, le crime organisé a adopté, mondialisation oblige et globalisation généralisée, les techniques modernes de communication et tout l'attirail sophistiqué “employé” pour acheminer leurs “cargaisons”, tous produits confondus, transgressant, cependant, les lois et règlements nationaux et internationaux. Les riverains de Chetaïbi sont anonymes : la drogue arrive par mer. Elle serait larguée au large de l'île Saint-Piastre, appelée communément kaf Amor, à quelques kilomètres de la baie ouest. “Les trafiquants de stupéfiants semblent être assistés par des marins aguerris, très au fait des courants et dérives marins et disposant de puissants bateaux”, tient à signaler un habitant. “La cargaison de drogue, constituée souvent de plusieurs ballots flottants, est "lâchée" au large, en pleine houle, en un point précis de façon qu'elle puisse dériver en suivant un courant marin, qui lui permet d'échouer en un endroit donné de la côte, ou une équipe chargée de la "récupération" des colis procède, sans coup férir, au ramassage du produit”, explique-t-il. Cette technique, largement utilisée par la maffia à travers le monde, ne peut cependant échapper parfois à la perspicacité des marins pêcheurs qui, après chaque fin du mauvais temps, remarquent alors qu'ils prenaient le large à l'aube, “ces objets flottant” dérivant vers la plage des néo-flibustiers. Aussi, à quelques encablures de Chetaïbi, et plus précisément au niveau de la plage Ermila de la ville de la Marsa, d'importantes autres quantités de même type de drogue ont été également découvertes, durant la même période par des citoyens. Les habitants signalent également que maintes opérations de recherche ayant ciblé ces coins, ont été effectuées par les éléments de la Gendarmerie nationale, assistés par des chiens renifleurs, dressés pour la lutte contre la drogue. Cependant, l'implantation récemment d'une caserne de la Marine nationale au Cap de Fer, l'une des pointes les plus avancées en mer en Algérie, mettra-t-elle un terme aux agissements de ces véritables prédateurs que ne peuvent rivaliser les dents de la mer ? B. B.