Le Premier ministre compte-t-il opérer la rupture avec la nomination d'un nouveau DG de l'institution ? Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, vient de relever le directeur général de la douane, Kaddour Bettahar. "Il a été relevé sur-le-champ vendredi dernier", confie une source sûre, proche de la Direction générale de la douane. La dépêche laconique de l'APS, tombée vendredi à 20h, ne qualifie pas le changement de limogeage. "Noureddine Allag, directeur du Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis), a été désigné directeur général des douanes par intérim en remplacement de Kaddour Bettahar", lit-on dans le texte de l'agence, citant une source douanière. L'information relative à ce changement a été confirmée, hier, par un communiqué du ministère des Finances. En fait, selon la même source, on lui reproche sa gestion des dossiers de dédouanement et des affaires contentieuses. Depuis sa nomination en mai 2015, le premier responsable a péché, du reste, par un déficit de communication. Mais ces reproches font oublier la nature des nominations et des changements à la tête de la douane. "La douane a été pendant longtemps mise sous tutelle non pas du ministère des Finances dont elle relève, mais des décideurs au sommet de l'Etat dans l'opacité la plus totale. Les nominations n'obéissaient donc pas toujours au choix de compétences intègres. Les DG n'étaient du reste liés par aucun contrat de performance", explique un spécialiste douanier. Cette situation a fait qu'on a proposé à des directeurs centraux intègres ce poste mais qu'ils l'ont réfusé, en raison, en résumé, de la difficulté à gérer une institution gangrénée par la corruption, ajoute-t-il. En nommant Noureddine Allag, nouveau DG des douanes par intérim, le Premier ministre a dérogé à ces règles. C'est un fonctionnaire réputé pour sa compétence qui est nommé à la tête de l'institution. Il a été pendant longtemps le n°2 du Cnis avant d'occuper le poste de premier responsable de ce centre stratégique dans les activités douanières. À noter qu'un nouveau DG sera confirmé par décret. La question est de savoir si avec la nomination d'un nouveau DG confirmé par décret, le gouvernement Ouyahia compte opérer la rupture après près de trois décennies de gestion douanière opaque émaillées par de grands scandales de corruption. Un changement de fond qui veut dire l'avènement à la douane d'un management compétent et intègre, soutenu par les hautes autorités de l'Etat. Ou alors, sommes-nous dans une situation irréversible où sans un assainissement profond du corps de la douane, il est vain de s'attendre à une administration douanière moderne chargée véritablement de la protection de l'économie nationale ? Ce changement structurel est d'autant plus urgent que face à la crise financière que vit l'Algérie, la douane est tenue de jouer le rôle d'administration fiscale efficace, par une augmentation significative des recettes douanières, via le recouvrement des droits et taxes à l'importation, et d'assumer de manière efficiente une mission de contrôle des mouvements de capitaux vers l'étranger et de lutte contre les surfacturations et l'évasion fiscale. K. Remouche