L'argumentaire du ministre des Finances, à la présentation, hier à l'APN, du projet de loi de finances 2018, vise à convaincre l'opinion publique que les autorités pourront éviter le recours au FMI au moins pendant trois ans. Les réserves de change de l'Algérie se sont établies à 102,4 milliards de dollars à fin septembre 2017, a indiqué hier le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, lors de sa présentation du projet de loi de finances 2018 en séance plénière de l'Assemblée populaire nationale (APN). Le grand argentier du pays prévoit une contraction des réserves de change en 2018 à 85,2 milliards de dollars, soit l'équivalent de 18,8 mois d'importation. En 2019 les réserves de changes baisseront à 79,7 milliards de dollars, pour atteindre 76,2 milliards de dollars en 2020. Les recettes tirées des exportations d'hydrocarbures sur la période 2018-2020 s'établiraient à hauteur de 34,4 milliards de dollars en 2018. Elles augmenteraient à 38,3 milliards de dollars en 2019 puis à 39,5 milliards de dollars en 2020. Concernant les importations des marchandises, elles se situeraient à 43,6 milliards de dollars en 2018, à 41,3 milliards de dollars en 2019 et 40,9 milliards de dollars en 2020. Le projet de loi de finances prévoit un solde de la balance de paiement de 11,9 milliards de dollars en 2018, 5,5 milliards de dollars en 2019 et 3,5 milliards dollars en 2020. Le ministre des Finances a expliqué que les budgets de l'Etat pour les années 2018, 2019 et 2020 s'inscrivent dans la continuité de la démarche inscrite dans la loi de finances 2017, confirmant ainsi la stratégie budgétaire à moyen terme qui repose sur la maîtrise de la dépense publique, couplée à une évolution progressive. Le projet de loi de finances 2018 prévoit un déficit budgétaire de 9,2% par rapport au produit intérieur brut (PIB), contre 5,4% en prévision de la clôture de l'année 2017. Cette aggravation du déficit, a expliqué M. Raouya, est liée à l'accroissement de 21,3% des dépenses et 10,4% des recettes, comparativement aux prévisions de clôture. Le solde global du Trésor se situerait à 1 963,5 milliards de dinars, soit 9,4% du PIB. Le déficit du Trésor sera couvert, essentiellement, par le recours au financement non conventionnel. Les besoins en financement du déficit du Trésor en 2017 sont évalués à 570 milliards de dinars et à 1 815 milliards de dinars en 2018 et à 580 milliards de dinars en 2019. Le ministre des Finances a indiqué que les recettes budgétaires s'établiraient l'année prochaine à 6 714,3 milliards de dinars, en hausse de 10,4% par rapport aux recettes prévues en clôture de l'année en cours. Le produit de la fiscalité pétrolière aussi bien budgétisée que recouvrée s'élèverait à 2 776,2 milliards de dinars en 2018. Par ailleurs, les recettes fiscales ordinaires évolueraient de 9,8%, passant de 2 761,1 milliards de dinars en prévision de l'exercice 2017 à 3 033 milliards de dinars l'année prochaine. Le grand argentier du pays a indiqué que le taux de couverture des dépenses de fonctionnement par les ressources ordinaires passerait de 86% en 2018 à 90% en 2020, contre 73% en 2016. Il a souligné l'augmentation de 21,3% des dépenses publiques (8 627,8 milliards de dinars), par rapport aux prévisions de clôture pour 2017. Cette augmentation résulterait de la hausse des dépenses d'équipement de 60% et de la stabilisation des dépenses de fonctionnement. Les dépenses de fonctionnement pour l'année prochaine s'établiraient à 4 584,5 milliards de dinars. Sur ce chapitre, le ministre a évoqué une baisse de 38,3 milliards de dinars de dépenses de rémunération du personnel, suite aux effets conjugués de la prise en charge du seul produit de la formation des secteurs de la santé et de l'éducation nationale, du non-remplacement systématique des départs à la retraite totalisant 14 251 postes, de l'étalement de l'avancement normal du personnel et de l'extension en année pleine des recrutements opérés en 2017. M. Raouya a précisé qu'en intégrant les dépenses de rémunération abritées au niveau des autres rubriques de fonctionnement, citant, entre autres, les subventions aux établissements publics administratifs et les établissements hospitaliers..., la masse salariale pour 2018 atteindrait 2 743 milliards de dinars. Evoquant les mesures fiscales du projet de loi de finances 2018, le ministre des Finances assure que le texte ne prévoit pas de nouveaux impôts et que les augmentations proposées, en général, ne concernent pas directement le citoyen. Ces augmentations, a-t-il argué, sont imposées par la conjoncture actuelle. Le ministre a indiqué que la loi prévoit un mécanisme de compensation pour le secteur de l'agriculture et de la pêche, concernant les augmentations des prix des carburants. Meziane Rabhi