"C'est une guerre sociale entamée depuis trois années", a lancé, hier, la députée du Parti des travailleurs (PT), Nadia Yafsah, lors de son intervention durant les débats sur le projet de loi de finances 2018, à l'Assemblée populaire nationale (APN). La parlementaire du PT évoque la hausse des impôts et taxes, le gel des salaires et l'absence de création d'emplois. "Dans ce projet de loi de finances, nous n'avons enregistré aucune intention de prendre en charge les problèmes sociaux", a relevé Nadia Yafsah, alors que le pouvoir d'achat, a-t-elle estimé, a baissé de 60% et le taux de chômage est passé de 10% à 12%, selon l'Office national des statistiques. Selon Mme Yafsah, le taux affiché par l'ONS "ne reflète pas la réalité". Elle avertit que le chômage constitue une "bombe à retardement". La parlementaire du PT a relevé une baisse importante des budgets sectoriels dans le projet de loi de finances 2018 et la poursuite de la politique d'austérité. "Il n'y a aucune indication pour soulager les souffrances du citoyen dans ce projet de loi de finances", a-t-elle estimé, révélant "l'arrêt ou le gel de pas moins de 5 000 projets". Mme Yafsah a évoqué les images de milliers d'étudiants devant le Centre culturel français pour passer le test de connaissance du français (TCF) dans l'espoir de s'inscrire dans une université française. Pour elle, ces images reflètent l'échec du système politique. Avant-hier, Mme Nadia Chouitem, du même parti, a mis en garde le gouvernement contre la fracture sociale, estimant que "la crise financière est préfabriquée". 120 milliards de dollars n'ont pas été recouvrés, a-t-elle souligné. La députée du PT a ajouté que l'écart entre les couches de la société s'accentue. Mme Nadia Chouitem a constaté que les exonérations fiscales sont cinq fois supérieures au soutien de l'Etat aux produits de consommation. "Actuellement, l'Etat puise des poches des travailleurs, des retraités et des petits commerçants pour les distribuer à la minorité et à l'oligarchie", a regretté Mme Nadia Chouitem. Les députés du Mouvement pour la société de la paix (MSP) qualifient le PLF 2018 de projet "antisocial" qui mettra à mal le pouvoir d'achat du simple citoyen. Ils ont dénoncé, notamment, les augmentations des prix des carburants, indiquant que ces hausses vont être répercutées sur les prix des produits et services. Les députés du MSP ont, surtout, souligné l'absence de solutions "réalistes" à la crise. Ils estiment que le gouvernement cherchait seulement à "ramasser" l'argent pour combler le déficit. Pour leur part, des députés du FLN, tout en exprimant leur soutien au gouvernement, ont appelé à l'approfondissement des réformes économiques. Un député du RND, tout en saluant l'augmentation des transferts sociaux, propose de financer les grands projets par d'autres sources de financement que les ressources du Trésor. M. r.