La directrice d'"El Fedjr" affirme avoir adressé des correspondances au président de la République, au Premier ministre et pris contact avec des personnes haut placées pour trouver une solution à la situation de sa publication. En vain. Ni les conditions climatiques qui ne s'y prêtaient guère, avec des trombes de pluie qui tombaient sans discontinuer, ni son bilan médical et cardiologique défavorable ne l'ont dissuadée à mettre en pratique sa décision d'observer une grève de la faim, comme "ultime recours" contre l'asphyxie financière dont est victime son journal El Fedjr. La directrice de la publication du journal arabophone El Fedjr, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, et dont la publication est privée de publicité institutionnelle et privée, a, en effet, joint le geste à la parole, en débutant hier matin sa grève de la faim. Dans un coin attenant aux escaliers menant à son journal, où est dressé un parasol, sur lequel étaient accrochées des pancartes qui disaient "Non à l'étranglement de la voix libre", Hadda Hazem, qui semblait affectée par la situation de son journal, continuait de recevoir tour à tour des personnes de tous bords, cependant bien peu nombreuses en ce début de matinée, qui venaient lui témoigner leur solidarité. Et pourtant, dit-elle, son bilan de santé, notamment cardiologique, lui interdit d'aller vers une action aussi risquée qu'est la grève de la faim, mais la journaliste a bravé le danger et fait fi de ces mises en garde. Ce qu'elle explique, d'ailleurs, en affirmant : "Je tiens à le faire parce qu'il n'y a pas d'autre issue, ou une autre solution. J'ai tenté toutes les autres possibilités, mais cela n'a abouti à rien." En énumérant les péripéties qu'elle a entamées ces trois derniers mois, elle a indiqué avoir "adressé des correspondances au président de la République, au Premier ministre et pris contact avec des personnes haut placées, lesquelles ont essayé d'intervenir pour trouver une solution, mais elles n'ont donné aucun résultat concret". Et d'exprimer son ultime conviction : "Je crois que je n'ai pas d'autre choix." Interrogée sur les échos qu'elle aurait reçue, suite à son action de protestation qui est à ses débuts, Hadda Hazem dira qu'à part les échos qui lui sont parvenus de la scène nationale et internationale, et de l'opinion publique, elle n'a eu vent d'aucune réaction de la part des pouvoirs publics. "Qu'ils soient responsables politiques ou ministres, dont le ministre de la Communication, personne n'a réagi", assure-t-elle. Au bout de son action de protestation, la journaliste espère "obtenir gain de cause". "Qu'on lève la punition qu'ils ont infligée au journal El Fedjr et à ma personne, sinon on n'aura de solution que de fermer le journal et mettre au chômage ses employés." Mais en dépit de cet "étranglement financier" dont est victime sa publication, Mme Hazem tient à apporter une précision de taille : "Je ne suis pas contre les pouvoirs publics. Je ne peux pas engager de bras de fer avec eux, mais j'essaie de défendre, avec les moyens dont je dispose, mon entreprise et ma tribune d'expression." La décision de recourir à la grève de la faim qu'a entamée la première responsable d'El Fedjr a jeté l'émoi parmi le personnel journalistique et technique au sein de sa rédaction, a-t-elle affirmé, en décrivant "des confrères et des consœurs en larmes", et qui sont "malheureux, parce que ne voulant pas que j'aille jusqu'à prendre cette décision". "Ils ont même essayé de me dissuader en arguant que ma santé ne le permet pas. Mais rien n'y fait, je ne peux pas faire machine arrière", a-t-elle lâché, avant de conclure : "Si jusqu'à l'heure actuelle, le journal sort toujours, on ne sait pas de quoi sera fait demain !" Amar R. [email protected]