Le projet de loi de finances sera soumis au vote le 26 novembre prochain, après les élections locales, une mesure critiquée par plusieurs députés. Le projet de loi de finances 2018 et les prévisions de 2019 et de 2020 ne prévoient pas d'augmentation d'impôts et de taxes qui pourraient impacter le pouvoir d'achat du citoyen, a soutenu, hier, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, en réponse aux questions des députés. Pour le ministre des Finances, les impôts et les taxes proposés dans le projet de loi de finances 2018 sont l'impôt sur la fortune et la taxe sur les produits pétroliers. Cette dernière, a-t-il estimé, n'impactera pas les couches défavorisées. "La révision des prix des carburants n'aura pas d'impact sur le secteur de l'agriculture et de la pêche, grâce à la politique de subvention dont bénéficient ces deux secteurs, ce qui contribue à la préservation du pouvoir d'achat des citoyens", a ajouté le ministre. Comparativement aux prix appliqués à l'international, a argué le grand argentier du pays, l'Algérie est classée parmi les pays pétroliers qui appliquent les tarifs des carburants les plus bas. M. Raouya a laissé entendre que compte tenu de ces bas prix, la consommation des carburants ne cesse d'augmenter, induisant une surconsommation. Selon lui, la consommation des carburants avoisine les 14 millions de tonnes (4,3 millions de tonnes d'essence et 9,7 millions de tonnes de gasoil). Près de 23% (3,2 millions de tonnes) sont importés. Sur un autre plan, le ministre des Finances assure que l'inflation constitue une préoccupation du gouvernement, précisant que le taux d'inflation prévu sur la période 2018-2020 se situerait à 4,3%. Elle devrait augmenter à 5,5% en 2018 pour descendre à environ 3% en 2020. M. Raouya a annoncé, dans la foulée, que les textes d'application de la loi complétant l'ordonnance relative à la loi sur la monnaie et le crédit seront promulgués avant la fin de l'année. Le grand argentier a nié l'existence de différences importantes entre les prévisions des lois de finances et les réalisations en matière de ressources et des dépenses, de 2013 à 2016. "Concernant les ressources, l'écart ne dépasse pas 8%", a-t-il soutenu. Quant au taux de croissance de 4% prévu dans le projet de loi de finances 2018, le ministre explique qu'il résulterait de la croissance des secteurs des hydrocarbures, des travaux publics et des services marchands. Le poids de ces secteurs dans la formation du produit intérieur brut est important. M. Raouya a estimé que la hausse de 60% des dépenses d'équipement va booster les secteurs des travaux publics et des services marchands, indiquant que les prévisions pessimistes du FMI s'appuient, justement, sur des dépenses plus faibles. Selon lui, les experts du FMI, qui ont eu accès aux informations concernant l'augmentation du budget d'équipement, "comptent réviser à la hausse les prévisions de croissance". Dans ses réponses, le ministre des Finances a évoqué la mise en place prochaine d'un mécanisme permettant l'évaluation des exonérations fiscales accordées aux investisseurs, pas seulement sur le plan des dépenses fiscales, mais aussi leur impact sur l'emploi et la création de la valeur ajoutée. "La crise est d'abord politique" La crise, avant d'être économique, est d'abord une crise politique et de gouvernance, ont estimé les partis d'opposition. "Notre mandature entrera dans l'histoire du pays comme celle où une même majorité de gouvernements, dite présidentielle, aura voté à quelques semaines d'intervalle deux plans d'action de deux gouvernements différents sans se sentir aucunement redevable d'une explication", a relevé Chafaâ Bouaïche, chef de groupe parlementaire du FFS. Pour le député du FFS, "ce n'est pas ce projet de loi de finances qui fera sortir notre pays de l'impasse de l'économie rentière, clientéliste et bureaucratique qui a produit les dérives et les échecs de la nomenklatura hier et qui produit aujourd'hui celles des oligarques". Ramdane Taâzibt, président du groupe parlementaire du Parti des travailleurs, estime que la crise est politique, relevant l'incapacité du gouvernement de recouvrer 1 200 milliards d'impôts et 800 milliards de crédits bancaires. Nacer Hamdadouche, du MSP, a relevé l'absence de transparence dans la gestion des finances publiques, annonçant la proposition de pas moins de 52 amendements au projet de loi de finances 2018. Meziane Rabhi