Il exhorte les militaires à accomplir leur devoir électoral en dehors des casernes. Le rappel n'a, sans doute, rien de fortuit : le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, a suggéré hier, s'appuyant sur le récent message du président de la République à l'occasion de la célébration de l'anniversaire du déclenchement de la Révolution, que l'armée doit être tenue à l'écart des "surenchères politiciennes". "Nous œuvrons, au sein de l'ANP, digne héritière de l'ALN, jour et nuit et toute l'année, guidés par les orientations de Son Excellence M. le président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, dont le soutien à nos Forces armées n'a jamais failli, à leur permettre de rester au diapason de tout progrès et développement qui s'opèrent aujourd'hui", a déclaré hier, à Oran, le général de corps d'armée lors d'une allocution prononcée à l'issue d'un exercice naval auquel il a assisté. "Dans ce contexte, il est important de souligner, ici, que l'ANP a trouvé tous les éléments de motivation et d'encouragement, dans l'hommage adressé par Son Excellence, M. le président de la République, contenu dans sa lettre à la Nation, à l'occasion de la commémoration du 63e anniversaire de la Glorieuse Révolution du 1er-Novembre, qui dit avec clarté : ‘l'Armée nationale populaire, digne héritière de l'Armée de libération nationale, que je salue en votre nom à tous, prend en charge efficacement sa mission constitutionnelle de protection de nos frontières face au terrorisme international et au crime transfrontalier. Cette institution républicaine doit donc être à l'abri des surenchères et des ambitions politiciennes'." Ce message est à double déclinaison : d'une part, Ahmed Gaïd Salah réitère sa "fidélité" sans faille au président Bouteflika, histoire de balayer d'éventuelles spéculations sur quelques divergences entre les deux hommes et, d'autre part, il répond à l'opposition, particulièrement aux trois personnalités qui ont appelé la "grande muette" à garantir la transition. Comme pour suggérer que l'armée veille à sa "neutralité" et ne s'en tient qu'à ses missions institutionnelles, Ahmed Gaïd Salah appelle les "éléments de l'armée" à accomplir leur devoir électoral lors des prochaines élections qualifiées "d'importantes" en tant que "citoyens", un vocable sur lequel il a tenu à insister. "Il est opportun de souligner, à cette occasion, que conformément aux lois en vigueur à ce sujet, cet important rendez-vous constitue pour les personnels militaires et des différents autres corps de sécurité, un double devoir : le premier se rapporte à leur participation au suffrage selon les dispositions en vigueur, c'est-à-dire en dehors des casernes, étant des citoyens, et j'insiste ici sur le terme ‘citoyens'. Quant au deuxième, il consiste à veiller, avant, pendant et après les élections, à garantir un climat de sécurité et un environnement stable, et à réunir toutes les conditions adéquates permettant à nos frères concitoyens, de s'acquitter de leur devoir national, en toute liberté, quiétude et sérénité." Dans ce contexte, il invite, autre message sibyllin, "l'ensemble, chacun dans son domaine de compétence et dans la limite de ses responsabilités, à la stricte application de l'instruction particulière relative à cette importante élection nationale, (que j'ai) émise le 05 octobre 2017". "Telle est la vocation vitale et importante confiée à l'ANP qui sera aux côtés de tous les autres corps de sécurité, autant consciente de sa responsabilité que ravie du parfait accomplissement des missions qui lui seront assignées", a-t-il souligné. Une vision qu'il semble partager avec Bouteflika. Karim Kebir