Le campus d'Aboudaou à Béjaïa abrite depuis hier, et ce, jusqu'à aujourd'hui, un colloque international sur le "double déclassement diglossique de tamazight entre l'impératif de son aménagement et les exigences de sa survie sociolinguistique. Les défis des langues de moindre diffusion à l'ère du numérique". Le colloque, organisé par le Centre national pédagogique et linguistique pour l'enseignement de tamazight en partenariat avec le laboratoire Paragraphe (Université Paris 8 et Cergy-Pontoise), l'Université de Béjaïa et le journal Liberté en sa qualité de partenaire média, a été l'occasion pour les communicants de faire des descriptions et l'analyse de cas typiques, observés — ou des cas analogues — d'aménagement linguistique ayant réussi ou échoué. C'est en ce sens que les interventions de chercheurs, venus du Maroc notamment, ont été suivies avec beaucoup d'intérêt. Parce qu'elles permettent de faire une analogie avec les expériences en cours en Algérie. Tamazight, langue maternelle polynomique disposant d'une vitalité suffisante, au statut national et officiel (Insertion dans le système éducatif en 1995 ; statut de langue nationale en 2002 et officielle en 2016), s'est vue, rapidement, dédoublée d'une variété dite "standard", dédiée aux fonctions socialement valorisées (domaine formel). Le Pr Dourari, du Comité d'organisation, explique que l'on est devant une langue artificielle ; un être artificiel qui a été créé. Et de s'interroger sur son influence sur les autres langues naturelles ou vernaculaires, à savoir le kabyle, le chaoui, le mozabite, etc. On affirme que la langue amazighe, dans le sens où elle est entendue, — est un terme générique au singulier, qui, dans les faits, renvoie à une pluralité de variétés naturelles maternelles d'une partie des Algériens —, tend à être resémantisée pour désigner une novlangue artificielle dite "standard" et elle seule. Durant le colloque, on s'est interrogé, en outre, sur l'apport des technologies de l'information et de la communication (TIC) pour le développement de tamazight en analysant, explique-t-on, d'une part sa présence sur le web et les réseaux sociaux et, d'autre part, sur l'importance du numérique pour sauvegarder et diffuser une langue. On y rappelle notamment que "l'un des moyens les plus sûrs et le plus rapide, pour le recueil, la conservation, le développement et la diffusion des langues, est la confection de bases lexicales, et de corpus d'expressions de tous ordres compatibles avec une utilisation informatisée". On y explique aussi que c'est sur la base d'une analyse linguistique approfondie de corpus recueillis sur le terrain que pourra se réaliser une extraction automatique optimale des données selon le besoin défini. M. Ouyougoute