Les réactions des partis de l'opposition se rejoignent pour dénoncer, qui un compromis perfide, qui une pression de l'oligarchie. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), estime par la bouche de son chargé à la communication, Yassine Aïssiouane, que la suppression de l'impôt sur la fortune (ISF) par la commission des finances de l'APN, résulte d'un "compromis malsain et perfide" entre le gouvernement et sa majorité parlementaire. "Au RCD, nous estimons que l'actuel gouvernement, a conclu un deal avec sa majorité, lequel deal stipule : nous proposons, vous refusez", a-t-il indiqué. Pour M. Aïssiouane, cette taxe sur la fortune était une mesure "populiste" destinée, selon lui, à "la consommation locale". "Le gouvernement, comme à son habitude, continue de faire dans le populisme en proposant des lois destinées à leurrer l'opinion publique, pour ensuite demander à sa majorité de l'abroger, tout en se lavant les mains", a-t-il accusé. Interrogé à propos d'une éventuelle immixtion du patronat et notamment le Forum des chefs d'entreprise (FCE), dans cette suppression surprise, le chargé de communication du RCD ira plus loin : "Le patronat certainement, mais pas que, car cette mesure vise avant tout ceux qui gouvernent l'Algérie, et notre formation politique savait dès le départ que cet impôt n'allait pas passer dans la loi de finances, car nous avions dit et redit qu'ils s'agissait seulement et simplement d'un artifice populiste du gouvernement." De son côté, le Parti des travailleurs (PT) accuse "le puissant lobby des hommes d'affaires présents à l'APN et dans la sphère du pouvoir" d'avoir fait avorter l'impôt sur la fortune (ISF), prévu dans le projet de loi de finances 2018. "L'impôt sur la fortune à vécu le temps d'une campagne électorale", écrit, Ramdane Taâzibt sur sa page facebook, indiquant que la commission de finances "dominée par les députés du FLN et du RND" a fait avorter l'impôt sur la fortune. Ramdane Taâzibt a fait le parallèle avec "l'amendement sur la friperie que le président Bouteflika a proposé dans une loi de finances". Et que la coalition composée des partis FLN-RND-MSP a abrogé à l'APN. Ce qui a poussé le Président à l'époque, qui venait de consacrer 2 milliards de dollars au secteur du textile, de qualifier ces partis en conseil des ministres de ‘tahalouf echifoune'". Le député du PT ajoute que "le gouvernement n'a ni le courage ni la volonté politique d'aller chercher l'argent là où il est", évoquant, notamment, 12 000 milliards de dinars d'impôts non recouvrés, 800 milliards de dinars de crédits non remboursés, 20 milliards de dollars de surfacturation dans le commerce extérieur, 400 milliards de dinars de réévaluation des marchés. Le lobby affairiste pointé du doigt Le Front des forces socialistes (FFS) n'en pense pas moins que le reste des partis de l'opposition. Le député du FFS, Abdelaziz Baloul, s'est exprimé hier à Tizi Ouzou, en marge du meeting populaire animé par le premier secrétaire général du parti, Mohamed Hadj Djilani, au sujet du rejet surprenant du projet de loi portant sur l'impôt sur la fortune. Abdelaziz Baloul, qui a dit ne pas être informé de ce rejet, a toutefois déclaré qu'"en fait, l'impôt sur le patrimoine a toujours existé et l'Etat a voulu seulement le réactualiser", tout en précisant que "son rejet par la commission des finances de l'APN prouve, encore une fois, que ce sont les forces puissantes de l'oligarchie qui ne veulent pas que l'on touche à leurs intérêts". Et le Dr Aziz Baloul de conclure en disant que "c'est la preuve que les puissances de l'argent sont en train d'accaparer sérieusement le pouvoir en Algérie". Pour sa part, le porte-parole de Talaie El-Houriat, Mohamed Adimi, considère le retrait de l'impôt sur la fortune (ISF) par la commission de l'APN, comme un énième acte confirmant, on ne peut plus clairement, le vide au sommet de l'Etat. "C'est la énième fois que nous assistons à des décisions et contre-décisions, des mesures et contre-mesures du gouvernement. Nous avons déjà vu la désignation d'un ministre puis son retrait quelques heures plus tard, pour ne citer que cet exemple. Nous sommes donc habitués à ce genre de revirement. Cela confirme le vide au sommet de l'Etat", a en effet, commenté M. Adimi pour qui l'instauration de l'ISF, s'il était maintenu, ne servirait par ailleurs à rien. "Même si cet ISF venait à être introduit dans la loi de finances, il ne sera en tout cas jamais appliqué", a-t-il dit. R. B./M. R./K. T./F. A.