Dans ce roman publié par les éditions El-Kalima, l'histoire sort de l'ordinaire, puisque les héros de cet ouvrage satirique et plein d'humour sont trois cheveux. "Un peu décalé, parfois déroutant, le roman décrit d'une manière à la fois satirique et touchante, mais surtout originale, la complexité d'une condition humaine qui oscille entre Bien et Mal, entre espoir et désillusions." C'est un roman "tiré par les cheveux" comme dira l'auteure Lynda Chouiten, qui vient de publier Le Roman des Pôv'cheveux aux éditions El-Kalima. L'histoire sort de l'ordinaire puisque les héros de cet ouvrage satirique et plein d'humour sont trois cheveux. Dès l'entame du livre, le lecteur est extirpé du réel vers un monde "kafkaïen" qui rappelle d'ailleurs la nouvelle La métamorphose de Franz Kafka, publiée en 1915, où le personnage principal Gregor Samsa s'est transformé en un monstrueux insecte. "L'originalité du roman est qu'il est raconté par les cheveux des personnages principaux. Des cheveux maltraités et traqués mais cela est allégorique, puisque ce mépris est vécu par des gens dans la vie réelle !", a indiqué Lynda Chouiten pour qui "l'espace de liberté est plus grand dans l'écriture créative que dans l'écriture académique". Pour l'auteure, l'épopée du livre commence lorsque "Pôv'cheveux" tombe dans la soupe d'une élégante dame. Il est chassé comme un moins que rien du restaurant chic où travaille son propriétaire. "Commence alors une longue série de déambulations dans la capitale française, avec d'autres Cheveux déchus. À travers les récits de ces personnages capillaires, le lecteur découvre les destins croisés d'une multitude de personnages humains hauts en couleur", souligne-t-elle. En effet, le livre compte plusieurs personnages, en l'occurrence Outoudert, un jeune homme pathétique qui traîne ses échecs jusqu'aux poubelles parisiennes où il cherche sa pitance ; Taous, la jeune femme timide qu'on force à se marier et à se voiler ; Fouzia, la mal-née qui triomphe de la misère à force de cynisme et d'ambition ; et Louisa qui, malgré un rare courage, renonce à venger son ami, mort d'avoir voulu dénoncer les intrigues d'un maire impliqué dans un trafic de perruques. Pour notre interlocutrice, "si les histoires des personnages humains forment une trame bien ficelée qui invite à réfléchir sur des questions telles que la mobilité sociale et la condition féminine, les aventures des Cheveux, qui sont les vrais héros du roman, se lisent, elles, comme une allégorie aux dimensions politiques et philosophiques. Constamment traqués et maltraités, ils parlent pour des millions de damnés de la terre". Et d'ajouter : "Un peu décalé, parfois déroutant, le roman décrit d'une manière à la fois satirique et touchante, mais surtout originale, la complexité d'une condition humaine qui oscille entre Bien et Mal, entre espoir et désillusions." À rappeler, qu'en septembre 2009, Lynda Chouiten décroche une bourse du gouvernement irlandais et part à Galway (Irlande) préparer une thèse de doctorat en littérature. Après un séjour de trois ans, elle rentre, diplôme en poche, à Tizi Ouzou, sa ville natale. Elle reprend alors son poste d'enseignante de littérature anglophone à l'université de Boumerdès. Publiée essentiellement en Algérie, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, Lynda Chouiten est l'auteur de poèmes, de plusieurs articles portant sur la critique littéraire et de deux livres : une étude de l'œuvre d'Isabelle Eberhardt intitulée Isabelle Eberhardt and North Africa: A Carnivalesque Mirage (Lanham, MD: Lexington Books, 2015), et un ouvrage collectif sur l'autorité : Commanding Words : Essays on the Discursive Constructions, Manifestations and Subversions of Authority (Newcastle-Upon-Tyne : Cambridge Scholars Publishing, 2016). Le Roman des Pôv'Cheveux, paru chez elle El-Kalima, est son premier roman. K. Tighilt