Sous la direction de l'infatigable historien Daho Djerbal et malgré toutes les difficultés rencontrées ici et là, le 35e numéro de la revue d'étude et de critique sociale Naqd vient de paraître sous un thème on ne peut plus d'actualité. "Enfant enjeu/enfance en péril", une thématique vue et revue sous plusieurs prismes ne laissant rien au hasard. De l'enfant du jeu, à l'enfant enjeu, le sujet de l'enfance subit les vicissitudes de la famille, de l'école, de la société... en somme de la politique. Dans ces différentes contributions, des questionnements importants poseraient les jalons d'une pensée et d'une analyse à l'endroit des institutions et leur considération au sujet de l'enfant algérien en devenir, cet homme de demain. D'abord, le phénomène de la "disparition de l'enfant", le kidnapping, le viol et l'assassinat intéresse Karima Lazali, qui part de l'absence pendant la guerre de libération jusqu'au chercheur d'os de la période postcoloniale, incarnée par la quête de Malek Haddad ou de Tahar Djaout. "Les sépultures font défaut, risquant d'entretenir des haines les plus coriaces." La violence est destructive de tout un avenir ! La sociologue et membre du réseau Wassila, Dalila Iamarène Djerbal, étudie sur le terrain auquel elle affronte au quotidien cette "violence dans les rapports adulte/enfant". Une violence omnipotente n'épargnant aucun espace censé protéger l'enfant, à savoir l'école coranique ou l'école publique qui l'accentuent dans l'omerta totale et à tous les niveaux. "Les recherches en neuroscience montrent qu'elles[les violences] occasionnent des dégâts cérébraux affectifs, émotionnels, qui compromettent son avenir social, particulièrement s'il n'est pas précocement pris en charge." Attestant par des chiffres alarmants les affres de la violence sous toutes ses formes (sexuelle, incestuelle, familiale, sociale...), qui sombrent en toute quiétude dans le laxisme et la banalité du système judiciaire greffé sur le tabou social. Toutefois, les nouveaux bouleversements sociaux engendrent de nouvelles conditions sociales influant sur les relations avec l'enfant et les statuts. Ainsi, la détresse est partout ; dans le système de santé publique. À ce propos, Idriss Terrant, Maya Attalah et Sakina Bouras abordent le côté psychologique et développemental en se basant sur l'autisme et ses conséquences dramatiques sur la famille, la maman en particulier.Par ailleurs, Mohamed Mebtoul et Ouassila Salemi analysent le système de la santé en partant des relations mère-enfant, malade chronique. Une situation compliquée où la maman doit subir les tares de la politique sociale et sanitaire. Pour sa part, la professeure Fadhila Boumendjel Chitour démonte un autre cas de figure où l'enfant est un véritable enjeu de la politique de santé. "En fut parfois le faire-valoir mais aussi et surtout l'otage ou le laissé-pour-compte, mis "à la marge", voire même complètement absent de l'institution" et ce malgré le dévouement de quelques personnes, à l'exemple de feu Mahfoud Boucebci ou de Mme Benallègue. La pédopsychiatrie tentera de reconstruire l'être dans l'enfance en devenir. Mais de l'avis de Nassima Metahri, "la dynamique reste lente et les expériences parsemées d'obstacles". Rien n'est donc laissé au hasard ! Les universitaires Tchirine et Nadjet Mekideche touchent du doigt "l'école où l'enfant semble être le grand absent du système éducatif algérien". Non seulement marginalisé dans cette sphère pédagogique, l'enfant y est même dans un "statut violenté". LIMARA B.