Plus d'une centaine de citoyens et de représentants d'associations humanitaires et de militants pour les droits de la femme se sont rassemblés, hier matin, à la Grande Poste, à Alger, pour rendre hommage et dénoncer le crime abject contre Amira Merabet, 34 ans, brûlée vive dans la rue, sous les yeux de tous, à El Khroub, dans la wilaya de Constantine. Après avoir déposé des gerbes de fleurs et observé une minute de silence, les participantes à cette manifestation brandissaient des banderoles et des pancartes sur lesquelles était écrit «Hier il m'embêtait, aujourd'hui il me demande des excuses, demain il me tue», tout en criant : «Il est temps que la femme algérienne se révolte contre ces crimes, cette haine et cette violence sauvage.» D'autres ont exprimé leur «répugnance» face aux violences faites aux femmes : «Y en a marre, y en a marre des crimes impunis contre la femme.» Pour la militante des droits de l'homme, Amira Bouraoui, rencontrée sur place : «ça ne se passera pas comme ça ! On ne lâchera jamais l'affaire, moi, je n'arrêterai pas mon combat.» Et d'ajouter : «Je n'accepterai pas que mon pays se transforme en société qui ne garantit pas les droits à ses enfants, je suis grand-mère et je me battrai pour une société qui aspire aux droits sociaux et à l'égalité», lance une autre dame. Les femmes algériennes représentent la dignité de l'homme depuis la guerre de la Libération nationale, selon cette même dame. «Le camion rempli de filles qui chantaient (Min jibalina talaâ sawtou alahrar...) après l'Indépendance de l'Algérie est la meilleure image du fruit que la femme a récolté après la guerre de libération.» Ajoutant sur ce point : «Les Chouhada étaient emprisonnés et torturés et se battaient pour que, malheureusement, les tortionnaires et criminels viennent aujourd'hui brûler, devant tout le monde et en plein jour, une jeune femme.» Les mesures qui doivent être prises par les autorités résident dans l'application de la loi, toute la loi, contre ces criminels, et ce, par des peines très sévères et des jugements exemplaires. Dalila Iamarene Djerbal, militante sociologue et féministe, sur un ton plein d'émotion, martèle : «Y en a marre de faire de la femme un bouc émissaire, la femme est l'avenir de l'homme et ces criminels qui ont l'esprit rétrograde veulent qu'elle soit à la disposition de l'homme». Tout en condamnant les précédents actes criminels : «Il y a eu le crime de Razika, écrasée parce qu'elle a refusé de monter dans la voiture d'un agresseur, il y a eu Amira, brûlée à cause de son refus d'accepter les avances d'un individu. Pour eux, la femme n'est pas un être humain à part entière.» Elle ajoutera : «Notre Prophète Mohamed (QSSSL) nous a bien déterminé que le Paradis est sous les pieds des mamans.» Mme Iamarene a, en premier lieu, responsabilisé l'école algérienne : «C'est l'école qui a formaté l'esprit des Algériens, l'école a rendu la jeunesse aveugle, en termes de comportement envers les femmes.» Et ce, en introduisant, selon elle, des idées d'extrémisme et d'intolérance par certains professeurs d'arabe et d'éducation islamique, car ces derniers expliquent faussement les versets coraniques et les hadiths.