De la résignation mêlée à de l'espoir. C'est le sentiment général qui régnait dans les propos des leaders de l'alliance Ennahda, El-Bina et El-Adala, et de leurs militants qu'on a rencontrés jeudi, lors d'une virée dans les permanences de ce triumvirat de partis islamistes à Alger. À Draria, dans la villa cossue qui sert habituellement de siège national au mouvement El-Bina et qui accueille, pour l'occasion, la commission nationale électorale de l'"Etihad", une ambiance bon enfant y régnait. On est loin de la mobilisation qu'ils étaient en droit d'attendre en pareil événement. Au premier étage, trois personnes qui devisaient autour d'un café. Nous déclinons notre identité et l'objet de notre mission. Averti de notre présence, le chargé de communication d'El-Bina, Kamel Kraba, nous reçoit dans son QG de campagne, au 2e étage. Dans un bureau, l'ancien ministre du Tourisme, Abdelkrim Bengrina, était entouré de deux cadres du parti. C'est le calme plat. Il est interrompu de temps à autre par les bruits venant d'un autre bureau causés par deux jeunes militants qui pianotent sur leurs claviers. Les regards scotchés sur les écrans de leurs micro-ordinateurs, ils scrutaient en permanence les informations sur le déroulement de l'opération électorale. Ils sont chargés aussi d'alimenter en photos et informations le site internet du parti et de l'Alliance islamiste, qui assurait un suivi en live de ces élections locales. Le vote du leader du mouvement FJD-El Adala, Abdallah Djaballah, au lycée Ibn Rochd à Draria, a bénéficié d'une couverture optimale, avec des photos le présentant sous toutes les coutures, notamment en train de faire des déclarations aux médias télévisuels. Non loin de là, le directeur de la commission électorale, Mansour Abdelaziz, occupé à lire les fax en provenance des wilayas, note cette alerte donnée des contrôleurs des bureaux de vote de Boumerdès, qui font état d'un dépassement de l'administration. Détail : les bulletins de vote de l'Etihad, qui désigne l'alliance islamiste, étaient absents à l'ouverture des bureaux. Ce n'est que 45 minutes plus tard que ces mêmes bureaux en ont été dotés en nombres suffisants. Mais, notre interlocuteur fera état de la consigne qui a été donnée de préparer le P.V. pour une notification à la Haute commission indépendante de surveillance des élections. Selon lui, ce n'est pas la seule entorse à la loi électorale qui a été remarquée durant cette élection. Le harcèlement que subissent les électeurs y compris dans les bureaux de vote pour les inciter à voter, en leur faisant des promesses pécuniaires, pour les listes des partis du pouvoir en est un cas, ajoute notre interlocuteur. Kamel Kraba qui nous invite à nous asseoir sur le divan qu'il présente comme seul vestige récupéré des biens de feu Mahfoud Nahnah, nous fera part d'un sentiment pas trop optimiste des partis islamistes de l'alliance électorale Ennahda-El Adala-El Bina, à la veille déjà de cette échéance électorale. Bien que les trois partis soient entrés en rangs serrés, avec des listes électorales communes, ils ne sont présents que dans le quart des circonscriptions électorales du pays. Soit, à travers seulement 25 wilayas, en sus de 5 wilayas où l'alliance n'a aligné que des listes APW. Au total, 253 APC sur les 1 451 circonscriptions. Le décor est ainsi planté. D'où la résignation, dont a parlé Kamel Kraba, mais qui est aussi partagée par Mohamed Douibi, le secrétaire général du mouvement Ennahda, pour qui "la suite de l'opération électorale ne pouvait être que le reflet des conditions de participation imposées par la loi électorale, surtout s'agissant de la collecte des signatures et leur vérification". Le leader islamiste estime que les résultats sont d'ores et déjà prévisibles, eu égard au nombre de listes qui ont été rejetées. Un sentiment qu'illustre l'attitude de Djaballah qui ne s'est pas impliqué dans la campagne électorale. il n'a pris part à aucune des 30 sorties de l'alliance. Amar R. [email protected]