Après plus de vingt ans de règne sans partage, HMS a subi une cuisante défaite dans son propre fief, M'sila. Le verdict des premiers résultats enregistrés donnent le Front de libération nationale (FLN) comme vainqueur des deux élections où il a remporté la majorité dans 17 communes, 15 communes pour le RND, 4 communes pour le HMS, 4 communes pour le MPA, 3 communes pour El-Moustaqbal, 1 commune remportée par le Front national du développement, 1 liste indépendante et 1 commune pour Adala-Nahda-Bina. Concernant les résultats de l'APW, sur les 47 sièges, le résultat est le suivant : FLN 21, RND 16, HMS 10. L'abstention est moins forte que prévue pour ces élections locales qui se sont déroulées jeudi 23 novembre. Le taux APW est de 53,92% et pour les APC 57,22%. Surprenant dans le sens où les partis islamistes dont HMS généralement bien ancrés dans certaines municipalités se sont faits détrôner au profit du FLN qui n'auraient eu aucune chance de percer sans un candidat tête de liste adoubé et estimé par ses concitoyens. Les partis islamistes n'ont obtenu que 5 APC dont 4 pour HMS (Aïn Khadra, Aïn El-Melh, Zerzour, Ouled Sidi Slimane) et l'APC de Bou-Sâada qui est revenue à l'ancien député et maire de la ville de 2007 à 2012 qui a conduit la liste d'El-Adala-Nahda-Bina. En revanche, le glissement aux 2 partis au pouvoir FLN et RND est très perceptible dans les cités péri-urbaines sociologiquement ancrées aux islamistes et qui jouent un rôle pivot en termes de majorités électorales. Les sièges du chef-lieu de wilaya, M'sila, ont été partagés par 4 formations : le FLN 12, le RND 11, HMS 6 et El-Moustaqbal 4. Des résultats qui laissent augurer de difficultés à venir pour les prochaines échéances électorales, qu'il s'agisse de l'élection présidentielle ou du sénat. Un avertissement en somme qui renvoie à la plus simple des lectures sociologiques, et non pas politiques : les électeurs de M'sila ne font plus trop de confiance aux candidats des mouvances islamiste et gauchiste. Un verdict sans appel pour ces partis qui, de débâcle en débâcle, ont du mal à retrouver leurs marques. Certes, les islamistes ont toujours une base dans la région et constituent la troisième force politique mais ils ont beaucoup perdu en peu de temps. Mais ces derniers qui devaient produire un nouveau discours politique n'ont pas réussi à faire oublier aux électeurs que les islamistes, qui ont mangé dans le même plat que le pouvoir, ont déjà fait leurs preuves et ont montré leur faible capacité dans la gestion. Ce qui pose la question de l'avenir : les islamistes majoritaires dans certains exécutifs doivent-il se faire du souci par rapport aux prochaines élections ? Concernant les partis de gauche, tels que le PT qui n'a donné aucun signe de vie dans la wilaya, les citoyens ne croient plus à ces idéaux impossibles à concrétiser dans un monde en changement perpétuel. L'autre leçon, c'est le rétrécissement du champ politique en éliminant des partis politiques qui n'ont plus une base militante. Des partis qui ne vivent que par "la charité des élections" (généralement les partis loués par des têtes de liste) ou les discours incohérents de leurs leaders. Pour l'heure, le travail de décryptage n'a pas encore été fait, admet un des anciens candidats des listes qui n'ont pas réussi à atteindre les 7%. Mais il observe que dans sa commune, lors de l'élection de jeudi, le recul de la gauche, des islamistes et des autres partis s'explique par l'effondrement des valeurs. "On vote par amour au candidat et non pas par amour aux programmes", dira-t-il. "L'argent a beaucoup joué dans notre région", dira un autre candidat de la commune de Magra, déçu par le comportement de certains et de l'administration. Chabane BOUARISSA