Le scandale international de la vente de migrants africains comme esclaves en Libye a de nouveau mis sur le devant de la scène, de façon tragique, la question de l'immigration africaine vers l'Europe. L'immigration et la sécurité seront au cœur du cinquième sommet Europe-Afrique qui se tient demain et jeudi à Abidjan, où sont attendus 83 chefs d'Etat et de gouvernement. Quelque 5 000 participants des 55 pays d'Afrique et de 28 pays d'Europe doivent prendre part à ce cinquième sommet Union européenne (UE) - Union africaine (UA) dans la capitale économique ivoirienne, ainsi que l'ONU et des organisations internationales. Le scandale international de la vente de migrants africains comme esclaves en Libye a de nouveau mis sur le devant de la scène, de façon tragique, la question de l'immigration africaine vers l'Europe. Le président du Niger Mahamadou Issoufou a expressément demandé que la question de la vente aux enchères d'esclaves soit mise à l'ordre du jour du sommet. Cette pratique, qui a fait l'objet d'un reportage de CNN, a provoqué une vague d'indignation mondiale. Mais cette pratique était déjà connue depuis des mois par les dirigeants occidentaux et africains, alertés par les ONG. Le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, a demandé des mesures urgentes et coordonnées entre les autorités libyennes, l'Union africaine, l'Union européenne et les Nations unies. "La situation des migrants, surtout en Libye, lors de ces derniers mois et années est une source d'immense préoccupation pour nos deux continents. Les révélations d'esclavage et de traite d'êtres humains sont insupportables pour nous, des deux côtés - européen et africain", a déclaré la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini, devant le Parlement européen. 60% de la population africaine ont moins de 25 ans et des centaines de milliers de jeunes désespérés par le chômage, la pauvreté et l'absence de perspectives dans leurs pays - en dépit de taux de croissance enviables pour certains d'entre eux - tentent d'émigrer vers l'Europe chaque année. La population africaine a quasi doublé ces 25 dernières années (à 1,2 milliard d'habitants actuellement) et devrait encore doubler d'ici 2050, d'après les prévisions de l'ONU. "Le sommet est important par son contexte, on a vu l'Union européenne évoluer dans son agenda, dans son intérêt pour l'Afrique. Les défis ne manquent pas", note un ministre de l'UA. "Que représente l'Afrique pour l'Europe : un risque, une menace à contenir ? Une opportunité ? Est-ce que l'Europe à 28 est suffisamment mûre pour venir développer une vision africaine ? On ne sent pas de vision africaine", estime le ministre de l'UA. La question de la sécurité et des menaces terroristes devrait aussi être discutée par les chefs d'Etat et de gouvernement, alors que l'Afrique de l'Ouest, notamment, connaît depuis quelques années une montée en puissance de groupes terroristes, d'ailleurs en partie liée à la désespérance de la jeunesse africaine, selon des analystes. L'UE affiche son soutien au G5 Sahel, un groupe de 5 pays (Mali, Niger, Mauritanie, Burkina Faso et Tchad) qui s'efforce de mettre en place une force antijihadiste dans cette région, mais le financement de cette force est encore largement insuffisant. R. I./Agences