La nouvelle phase des discussions entre les parties syriennes pourrait constituer un vrai départ du règlement de la crise, pour peu que la question du départ de Bachar al-Assad ne constitue pas une fois de plus un point d'achoppement. Précédé par de nombreuses manœuvres diplomatiques, le huitième cycle des négociations intersyriennes doit démarrer aujourd'hui à Genève sous l'égide des Nations unies, dans une nouvelle configuration avec pour la première fois une seule délégation de l'opposition face aux représentants de Bachar al-Assad. Mais l'incertitude planait, hier, sur le départ de la délégation du gouvernement syrien, qui a été retardé, car Damas a été ulcérée par la décision de l'opposition, réunie la semaine dernière en Arabie saoudite, de continuer à réclamer le départ immédiat du président Bachar al-Assad. Selon le journal pro-gouvernemental syrien Al Watan, le gouvernement considère qu'il s'agit là d'un retour au point de départ, alors que les autorités syriennes espéraient que leurs récents gains militaires pousseraient les opposants à renoncer à cette exigence formulée depuis le début du conflit à accepter le principe d'une transition pilotée par Bachar al-Assad jusqu'à la tenue de nouvelles élections. Ceci étant, le régime de Damas se montre disposé à discuter d'une nouvelle Constitution et de l'organisation d'élections législatives sous l'égide de l'ONU, pour peu que l'avenir de Bachar al-Assad ne soit pas au centre des négociations. Le médiateur de l'ONU Staffan de Mistura espère avoir autour de lui, pour une fois, deux parties distinctes pour négocier. Miraculeusement, les différentes franges de l'opposition syrienne ont, en effet, réussi après 3 jours de discussions à Riyad à former un comité unifié pour les représenter à Genève. Désormais en meilleure positions grâce à ses victoires militaires face aux rebelles et aux terroristes, le régime syrien est moins disposé à faire des concessions à Genève. D'ailleurs, Staffan De Mistura, le représentant personnel du Secrétaire général de l'ONU pour la Syrie, n'avait pas manqué en septembre dernier d'appeler l'opposition syrienne à être assez réaliste pour réaliser qu'elle n'a pas gagné la guerre. L'émissaire onusien espère au moins réussir, à l'occasion de ce huitième round de négociations, à réunir autour d'une même table les délégués des deux camps qui ont toujours refusé de se parler face à face jusque-là. Ce conflit, qui a fait plus de 340 000 morts et des millions de déplacés et réfugiés, pourrait amorcer un tournant décisif pour l'avenir de la Syrie à Genève, pour peu que les deux parties fassent preuve de réalisme. Il faut dire que la situation s'est nettement améliorée en Syrie, notamment les 7 réunions auxquelles ont pris part opposition et régime à Astana sous l'égide de la Russie, avec comme résultats concrets la mise en place de 4 zones de désescalade des combats, alors que l'ONU avait échoué à le faire. Le récent sommet entre la Russie, la Turquie et l'Iran à Sotchi a également permis de lancer l'idée d'un Congrès du dialogue national syrien en Russie rassemblant tous les acteurs du conflit. Merzak Tigrine