L'objectif principal assigné au premier Plan national anti-cancer (PNC 2015-2017) a-t-il été atteint ? Sommes-nous vraiment parvenus à la réduction de l'incidence et de la mortalité du cancer par l'amélioration de la prise en charge des patients atteints de cette maladie ? Quelles sont les actions menées jusque-là et qu'en est-il des nouvelles thérapies préconisées pour le traitement de certains cancers, trois ans après la mise en place du dispositif, outil de suivi et de contrôle de cette pathologie, par le président de la République ? La situation épidémiologique du cancer le plus mortel en Algérie, celui du cancer du poumon, est susceptible de nous renseigner sur les premiers impacts du PNC sur la gestion de cette maladie à travers les centres anticancers ouverts à travers le territoire national. Des oncologues de la Société algérienne d'oncologie médicale ont animé, à cet effet, une rencontre de vulgarisation au profit des professionnels de la presse, pour présenter un état des lieux sur le cancer bronchopulmonaire (CBP). Le professeur Malika Gamaz, exerçant au CPMC-hôpital Mustapha-Pacha, a rappelé, avec un langage simple et alerte à la fois, que ce type de cancer, le plus mortel parmi les autres cancers, reste la première cause de décès en Algérie. Il est paradoxalement le cancer le plus évitable de par sa cause principale qui est cernée et connue de tous : le tabagisme, avec 84% chez l'homme et 46% chez la femme. Le CBP est le premier cancer chez l'homme et se place en dixième position chez la femme. En 20 ans seulement, le taux de prévalence de cette pathologie est passé du simple au double. En 1994, cette maladie était située aux alentours de à 12,5%, et en 2014, elle a frôlé les 26,4% sur le chiffre d'incidence de 100 000 habitants. "Plus de 50% des malades atteints de tumeur au poumon arrivent au CPMC avec un cancer métastatique, au stade final, et le traitement préconisé n'aura aucun effet, en raison du diagnostic réalisé tardivement. Pour le professeur Gamaz, le CBP représente un véritable problème de santé publique. Des efforts supplémentaires doivent être déployés dans l'espoir d'améliorer le diagnostic précoce et la stratégie thérapeutique. En matière de lutte contre le tabac, la conférencière soulignera que "les fumeurs doivent savoir que le tabac est cancérigène, cela est prouvé par des récentes études réalisées dans le monde. La solution réside dans le renoncement à la cigarette". Dans le même registre, l'intervenante indiquera sans ambages que tout personne qui fume plus de 600 cigarettes par année et qu'elle est âgée entre 55 et 77 ans a un risque élevé d'avoir le CBP. Celui qui fume plus de 400 cigarettes par année a un risque modéré. Quant au fumeur de moins de 400 cigarettes par an a un risque bas. Quant aux signes d'appel les plus fréquents de CBP, elle rappellera principalement la toux, l'hémoptysie (crachat de sang), l'infection type broncho-pneumonie et, enfin, des douleurs scapulo-humérales (un type de rhumatisme se situant à l'extérieur de l'articulation de l'épaule). Abordant la stratégie thérapeutique nécessaire à ce type de cancer, la spécialiste du cancer du poumon au CPMC indiquera que la prise en charge thérapeutique du CBP est multidisciplinaire (chimiothérapie, thérapie ciblée ou immunothérapie), et dépend étroitement du stade et de l'extension de la maladie (stade localisé ou métastatique). À ce titre, le président de la Société algérienne d'oncologie médicale, Le Pr Bouzid Kamel, président de la Société algérienne d'oncologie médicale, rappellera que l'immunothérapie, qui a prouvé son efficacité dans la guérison des cancers métastatiques, n'est pas encore enregistrée en Algérie. Pour sa part, la professeur Taright Samya, chef de service de pneumologie au CHU Mustapha, interpelle les autorités compétentes pour mettre en place une véritable politique nationale de lutte contre le tabagisme. "Du moment que le cadre législatif existe déjà, tel le décret exécutif promulgué en 2001 qui interdit de fumer dans les lieux publics, il faudrait renforcer cette loi par la mise en place d'un système de paiement obligatoire d'amendes." Et de conclure qu'"il est urgent aujourd'hui d'agir sur les populations à risque (les enfants et les adolescents), en lançant des actions de prévention ciblées à l'école ou à travers les unités de dépistage de médecine scolaire". Hanafi H.