Le cancer du poumon est la cause la plus fréquente des décès dus au cancer chez les hommes et les femmes à travers le monde. L'Algérie n'échappe pas à ce fléau ravageur. «Le cancer du poumon a d'ailleurs augmenté chez nous de façon spectaculaire au cours des dernières décennies avec l'augmentation de la consommation de tabac et touche de plus en plus de femmes et du jeunes en milieu scolaire», ont alerté les participants, dont des pneumologues, réunis hier à la Munatec de Zéralda, à l'occasion de la 3e Journée d'information et de sensibilisation sur le cancer du poumon, organisée à l'initiative de l'association «Nour Doha» d'aide aux personnes atteintes de cancer. Différents spécialistes, dont le professeur Samya Taright, du service de pneumo-oncologie de Bab El Oued, le professeur Fissah, et les docteur Khennouf, Souilah, du même service et le Pr Gamaz, du service Pneumo-oncologie du CPMC, ont plaidé pour le diagnostic précoce du cancer du poumon, insistant sur la prévention et une meilleure prise en charge de la maladie. Les pneumologues rassemblés à cette occasion mettent l'accent sur la nécessité de développer des approches préventives pour lutter contre le cancer du poumon et le tabagisme. Selon le professeur Samya Taright, le cancer du poumon fait chaque année environ 3 500 nouveaux cas en Algérie, dont 15 à 20% sont des femmes. «La tendance féminine est à la hausse», a-t-elle prévenu. Le tabac est le principal facteur de risque du cancer du poumon, a-t-elle expliqué mettant en cause aussi d'autres substances toxiques comme le cannabis et l'amiante. Autre phénomène de mode, le narguilé (chicha), de plus en plus tendance parmi les jeunes et qui est hautement dangereux. Elle a déploré le fait que la réglementation sur l'interdiction de fumer dans les lieux publics ne soit pas respectée en Algérie. «Le cancer du poumon nécessite une prise en charge multidisciplinaire et associe différents traitements, chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie», dira-t-elle. «L'accès aux soins de radiothérapie se pose toutefois avec acuité», regrette-t-elle. «Comme pour les autres nombreuses pathologies cancéreuses, la radiothérapie fait partie de l'arsenal thérapeutique du cancer du poumon, mais dans de nombreux cas, le malade a toutes les peines du monde à y accéder, ce qui compromet ses chances de survie», ajoute cette spécialiste. «Autre insuffisance, celle liée aux soins palliatifs», a souligné le professeur Gamaz du CPMC. L'objectif des soins palliatifs est de soulager les douleurs physiques et les autres symptômes, mais aussi de prendre en compte la souffrance psychologique, sociale et spirituelle. «Parmi ces soins palliatifs, les morphiniques qui sont les médicaments analgésiques les plus efficaces pour soulager les douleurs cancéreuses. Mais ces morphiniques font souvent l'objet de ruptures de stocks», dit-elle. «Cela fait près de quatre mois que nous n'en disposons pas au CPMC», précise-t-elle. C'est le cas dans de nombreux hôpitaux et structures de santé à travers le pays. «Informer mais aussi former les médecins généralistes, c'est l'objectif de cette journée qui s'inscrit dans le cadre de la formation continue», a expliqué Mme Samia Gasmi, présidente de l'association «Nour Doha». Très active sur le terrain, cette association initie depuis quelques années des campagnes de sensibilisation et de dépistage sur tous types de cancer à travers l'ensemble du pays, notamment les régions enclavées. A. B. Pénurie de médicaments anti-tuberculeux Malgré les déclarations des responsables de la santé qui assurent que tout va bien, niant l'absence de pénurie de médicaments destinés aux malades chroniques, ces derniers vivent un véritable calvaire, avec des ruptures répétées de stocks, ce qui hypothèque sérieusement leurs chances de guérison. Selon des pneumologues rencontrés hier, les malades atteints de tuberculose sont confrontés depuis quelque temps à des pénuries récurrentes d'anti-tuberculeux.