Si la nouvelle paraît salutaire en ce sens qu'elle évitera, à court terme, au pays une pénurie de médicaments, l'instruction de la Banque d'Algérie demeure malgré tout pénalisante pour les opérateurs. L'instruction de la Banque d'Algérie émise le 22 octobre dernier, relative à la pré-domiciliation bancaire imposée aux entreprises importatrices de biens et de produits finis destinés à la revente en l'état, est-elle en passe d'être levée pour permettre la libération de certains produits bloqués depuis au niveau des douanes ? Ce serait, en effet, le cas pour certains opérateurs, notamment des importateurs de médicaments qui, comme nous l'avions rapporté dans une précédente édition, se sont plaints de cette mesure restrictive qui les a pénalisés à un point tel qu'ils ne pouvaient plus approvisionner le marché. Des banques, apprend-on de sources sûres, viennent, ainsi, de délivrer des dérogations aux importateurs concernés pour leur permettre, notamment, de libérer des lots de médicaments bloqués dans les aéroports. Cela d'autant plus que l'alerte a été donnée, y compris par la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) quant à l'épuisement imminent des stocks de différents médicaments, dont des anticancéreux. "Nous venons d'avoir l'accord de principe de la banque pour une dérogation devant nous permettre de libérer les lots de médicaments bloqués au niveau de l'aéroport d'Alger depuis l'entrée en vigueur de l'instruction de la Banque d'Algérie. Un geste que nous saluons tant que cela nous permettra d'éviter la rupture de certains médicaments et, par ricochet, ne pas pénaliser les patients algériens", a affirmé, à ce titre, un responsable d'une entreprise concernée par l'importation de médicaments qui a requis l'anonymat. Selon des sources au fait du sujet, une dérogation aurait été également accordée à la PCH. Si la réaction des services bancaires paraît salutaire, en ce sens qu'elle évitera, à court terme, au pays une pénurie généralisée de médicaments, l'instruction de la Banque d'Algérie demeure malgré tout pénalisante pour les opérateurs, notamment les "petits" et "moyens" importateurs dont les ressources financières limitées ne permettent pas de répondre à l'exigence des banques pour la constitution d'une provision financière à hauteur de 120% du montant à domicilier préalablement. "Entreprises importatrices de biens ou de produits destinés à la revente en l'état, sans exception, la domiciliation préalable des contrats entrant dans ce cadre au moins trente jours avant la date d'expédition des marchandises et la constitution simultanée d'une provision financière à hauteur de 120% du montant à domicilier, quel que soit le mode de règlement (crédit documentaire et remise documentaire)", stipule exactement l'instruction de la Banque d'Algérie ordonnée par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Cette mesure s'inscrit dans le cadre de l'orientation du gouvernement qui ne cesse d'innover en la matière, depuis le déclin des recettes pétrolières, dans le but de réduire la facture des importations. Selon nos sources, un nombre important d'importateurs de médicaments risquent de renoncer à leur activité si jamais cette instruction bancaire est maintenue pour longtemps. Ce qui se répercutera sur l'approvisionnement du marché national du médicament dépendant en grande partie de la production étrangère. Du coup, le risque de pénurie et/ou de ruptures cycliques plane plus que jamais. Farid Abdeladim