Des personnes atteintes d'un cancer ou de maladies lourdes risquent de ne pas trouver leurs médicaments disponibles dans les officines.Au moment où certains opérateurs pharmaceutiques rassurent qu'il n'y aura pas de rupture de stock, d'autres affirment que «le marché connaîtra des perturbations dans très peu de temps». Une pénurie sera constatée dans quelques jours, alertent des opérateurs du secteur pharmaceutique, qui ont effectué des opérations d'importations sans pouvoir, toutefois, dédouaner leurs marchandises. Des lots de médicaments sont déjà en souffrance au niveau du port d'Alger et ne peuvent être dédouanés. Et pour cause, «les banques refusent de domicilier les factures relatives à ces marchandises», nous a expliqué hier Amar Ziad, président de l'Union nationale des opérateurs pharmaceutiques (UNOP). Le refus signifié à ces importateurs est imposé aux banques par l'article 69 de la loi de finances complémentaire 2009 qui stipule que «le paiement des importations s'effectue obligatoirement au moyen du seul crédit documentaire». En l'absence de ces documents, les opérateurs sont dans l'incapacité de dédouaner leurs marchandises et ce, depuis cinq jours au moins, date de mise en application de la loi de finances complémentaire 2009. Surpris, les opérateurs n'étaient nullement préparés à cette situation. «Les pouvoirs publics auraient dû accorder un délai pour permettre aux opérateurs de dédouaner les marchandises qui étaient déjà à quai au niveau du port d'Alger depuis la dernière semaine du mois de juillet», a souhaité Amar Ziad. Pour pouvoir dédouaner les médicaments, il est exigé des producteurs pharmaceutiques et des importateurs de présenter les documents relatifs au payement de la marchandise. Les médicaments en souffrance depuis plus de cinq jours au niveau du port d'Alger par exemple ne peuvent être dégagés qu'après avoir effectué le payement sous forme de crédit documentaire. Or, habituellement, les opérateurs effectuent les payements conformément aux accords signés avec les fournisseurs. «Les entreprises ont l'habitude d'effectuer des opérations d'importation, moyennant un payement différé de six mois», a remarqué le même responsable. Mais cela ne sera plus possible avec les nouvelles dispositions puisque, selon l'article 67 de la LFC 2009, «l'accomplissement de la formalité de domiciliation bancaire des opérations d'importation doit être préalable à la réalisation de celles-ci, à leur règlement financier ainsi qu'à leur dédouanement». Des obstacles à lever L'autre contrainte à laquelle devront faire face les producteurs pharmaceutiques tout comme les autres opérateurs économiques est l'obligation imposée aux directeurs d'effectuer eux-mêmes les démarches concernant les opérations d'importation au niveau des banques. Selon l'article 66, «la réalisation d'opérations d'importation ne peut être effectuée au moyen de procuration. Il est exigé, pour l'accomplissement des formalités bancaires afférentes à l'activité d'importation et de contrôle aux frontières de la conformité des produits importés, la présence du titulaire de l'extrait du registre du commerce ou du gérant de la société importatrice». C'est absurde, commentent plusieurs chefs d'entreprise contactés à ce sujet. D'autres relèvent, par la même occasion, la difficulté de se conformer à cette disposition puisque les chefs d'entreprise seront incapables de se présenter à chaque fois au niveau des banques. Des postes d'emploi seront, dans ce cas, inutiles, et ce serait plus judicieux de les supprimer, commentent des chefs d'entreprise. D'ici le 20 août prochain, les opérateurs du secteur pharmaceutique comptent saisir le premier ministre en vue d'épargner le secteur du médicament des applications des nouvelles dispositions prévues dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009. Ouyahia interpellé Le président de l'UNOP pense que «le secteur pharmaceutique ne devrait pas être concerné par ces mesures du fait que les fournisseurs ont des accords avec les opérateurs importateurs». Mais suite aux nouvelles dispositions, les entreprises importatrices seront obligées d'effectuer le payement au comptant. Ceci est pénalisant à plus d'un titre puisque les opérateurs supporteront des frais supplémentaires et une importante rupture de stock de médicaments est à craindre en raison des lenteurs accusées pour effectuer un crédit documentaire. Les prix des médicaments seraient révisés à la hausse car les opérateurs se verront obligés de répercuter les frais supplémentaires sur les prix des médicaments, prévient Amar Ziad. La rupture en approvisionnement en matières premières et produits chimiques provoquera aussi des retards pour la production pharmaceutique en Algérie. Et pourtant, remarque le responsable, «le secteur pharmaceutique est déjà réglementé et ne devrait pas être soumis à ce genre de mesure».