"Il est désormais établi qu'il n'y a pas d'élections libres sous le règne de ce système qui n'est ni recyclable ni réformable", souligne la SG du PT. Malgré les nombreux recours introduits, appuyés par des preuves, le Parti des travailleurs (PT) n'aura finalement pas gain de cause. "La justice a confirmé les résultats du viol collectif", a affirmé, hier à Alger, dans une allocution à l'ouverture de la réunion du bureau politique de son parti, Louisa Hanoune. "Les élections locales du 23 novembre dernier constituent un viol collectif de la démocratie politique et l'existence même de l'Etat et sa pérennité", a-t-elle, de nouveau, dénoncé, en égrenant l'ensemble des facteurs à l'origine de ce "viol", comme l'argent sale, ou encore l'implication des juges, de l'administration et du vote des militaires utilisé pour amplifier le taux de participation et renforcer les partis du pouvoir, ceux de l'allégeance et ceux du pouvoir, mais "non déclarés", allusion probablement au front Al-Moustakbal d'Abdelaziz Belaïd, dont la percée spectaculaire, en l'espace de quelques années d'existence seulement, suscite la curiosité. "Nous savons que les conditions politiques n'étaient pas réunies pour des élections transparentes qui se sont révélées provocatrices. Il y a une volonté en haut-lieu pour le maintien du statu quo (...)", souligne-t-elle. "Un statu quo dangereux, mais précaire", estime-t-elle encore. Il reste qu'à quelque chose malheur est bon. Pour la secrétaire générale du PT, ce qui s'est passé le 23 novembre dernier est aussi un facteur supplémentaire de "clarification". "Ce viol collectif est un facteur de clarification et de décantation de plus. Il est désormais établi qu'il n'y pas d'élections libres sous le règne de ce système, qui n'est ni recyclable ni réformable", souligne-t-elle. À travers les contestations suscitées après la divulgation des résultats, Louisa Hanoune y voit même les prémices d'un processus politique. "C'est la première fois depuis 1997 qu'on assiste à une contestation de la fraude d'une telle ampleur. C'est le début d'un processus politique qui fait jonction entre, d'une part, la colère de la majorité du peuple contre la régression socioéconomique induite par la loi de finances 2018 (...) et l'atteinte à la souveraineté populaire, d'autre part", analyse-t-elle. Comme souvent, elle s'est beaucoup étalée sur la situation économique et la politique du gouvernement qualifiée de "rouleau compresseur" qui remet en cause les acquis de la Révolution et de l'Etat social. Qualifiant de "provocation" la suppression de l'impôt sur la fortune, Louisa Hanoune, qui refuse de "spéculer sur l'identité de ceux qui ont fait pression sur l'APN", en observant que les "partis du pouvoir et leur satellite l'ont votée", soutient que le projet de loi sur la santé, actuellement en discussion au niveau de la commission de l'APN, est "moyenâgeux". "C'est une autre provocation contre le peuple. Il illustre la férocité de la politique du gouvernement, il remet en cause la gratuité des soins et menace de faillite la Cnas. Il traduit le désengagement de l'Etat. C'est de l'inconscience et de la fuite en avant", dénonce Louisa Hanoune. Pire, selon elle, "il prépare la privatisation et la prédation des structures de santé étatiques équipées entre 2009 et 2014". Qui peut arrêter cette régression, cet engrenage mortel ? "La mobilisation populaire", répond Hanoune. D'ailleurs, la réunion du BP va essentiellement discuter des outils politiques à même "d'unifier la lutte, de mener des campagnes politiques massives et mettre le parti en ordre de bataille" pour créer un nouveau rapport de force à même d'imposer le respect de la souveraineté populaire et de dégager ce système, souligne Hanoune. Karim Kebir