"Dans le contexte d'assèchement de la liquidité bancaire, la collecte de ressources devient un impératif stratégique pour les banques, d'autant que la part de la monnaie fiduciaire dans la masse monétaire globale est extrêmement élevée", estime la Banque d'Algérie dans son rapport annuel 2016. Bien que des progrès aient été réalisés par les banques en matière de gestion des risques de crédit, le niveau des créances non performantes par rapport au total des créances est en hausse en 2016. Il a atteint 12% contre 9,7% en 2015 et 9,2 en 2014. C'est ce que relève la Banque d'Algérie dans son rapport annuel sur l'évolution économique et monétaire en 2016. Le document met l'accent sur l'impact considérable de la poursuite de la chute des prix du pétrole sur les équilibres macroéconomiques et sur l'activité des secteurs réels et monétaire et financier. La Banque d'Algérie relève que le coût du risque demeure élevé notamment dans les banques publiques. Le rapport constate, également, une diminution des dépôts collectés par les banques. "Après une baisse de 2,2% enregistrée en 2015, l'encours des dépôts à vue et à terme collectés par les banques a encore baissé en 2016 de 2,3%, contre une hausse de 17,8% en 2014", souligne la Banque d'Algérie. À l'exception des dépôts, les autres indicateurs de l'intermédiation bancaire ont plutôt continué à évoluer favorablement. Les indicateurs globaux montrent que le niveau de l'intermédiation bancaire s'améliore progressivement sous l'angle du développement du réseau, du nombre de comptes, des dépôts collectés et des crédits distribués. En revanche, sous l'angle des dépôts collectés, un léger recul est constaté en 2016. "Dans le contexte d'assèchement de la liquidité bancaire, la collecte des ressources devient un impératif stratégique pour les banques, d'autant que la part de la monnaie fiduciaire dans la masse monétaire globale est extrêmement élevée", estime la Banque d'Algérie. Finances publiques : les recommandations de la Banque d'Algérie. évoquant les finances publiques, la Banque d'Algérie indique que les déficits budgétaires élevés, enregistrés notamment en 2014, 2015 et 20016, résultent, certes, "de la chute de la fiscalité pétrolière, mais traduisent aussi autant la faiblesse de la fiscalité ordinaire... que le poids élevé, voire excessif, de la dépense publique dans la dépense intérieure brute". Dans ses recommandations, nulle trace du financement non conventionnel. Pour la Banque d'Algérie, "dans un contexte de niveaux des prix du pétrole beaucoup plus faibles au cours des prochaines années et d'épuisement de l'épargne financier de l'Etat, il devient impératif pour assurer la viabilité des finances publiques à moyen terme, d'améliorer le recouvrement de la fiscalité ordinaire, notamment la fiscalité directe sur les bénéfices des sociétés et la fiscalité indirecte intérieure". La Banque d'Algérie recommande, par ailleurs, la réduction des subventions explicites et implicites, et de n'en faire bénéficier que les populations à revenus les plus faibles. Elle propose, aussi, de rationaliser les diverses exonérations fiscales et douanières en vue d'élargir l'assiette fiscale et de mieux stimuler l'investissement productif marchand. Concernant la dépense publique, la Banque d'Algérie espérait la poursuite de la consolidation budgétaire entamée en 2016. Sur ce point, elle n'a pas été écoutée par le gouvernement. Mais pour la Banque d'Algérie, la consolidation budgétaire "ne doit pas constituer le seul levier d'ajustement macroéconomique graduel de la dépense intérieure brute aux ressources nationales, ni être l'unique fer de lance des politiques publiques". Le rétablissement nécessaire des équilibres macroéconomiques et l'impératif de diversification de l'économie requièrent, de l'avis de la Banque d'Algérie, "la mise en œuvre de leviers d'ajustement complémentaires ainsi que des réformes structurelles visant à renforcer la régulation économique par le marché, condition nécessaire pour assurer une allocation plus équilibrée, voire optimale, des ressources". Insuffisance dans le dispositif de lutte contre le blanchiment d'argent En matière de contrôle et de supervision bancaire, le rapport de la Banque d'Algérie indique qu'au titre de l'année 2016, l'exploitation des différent rapports et déclarations transmis par les banques et établissements financiers ont permis de relever 77 cas de non-respect des normes réglementaires, contre 73 enregistrés durant l'exercice 2015. Ces cas d'irrégularité concernent le non-respect des normes prudentielles, notamment celles se rapportant à la liquidité bancaire, à la division des risques et au niveau des engagements par signature au titre des opérations de commerce extérieur. Le rapport relève que les gaps de liquidité constatés pour trois banques depuis le second semestre 2014 se sont accentués en 2016. Les deux autres banques publiques ont été confrontées à des problèmes de liquidité uniquement en 2016, ce qui est aussi le cas pour une banque privée. S'agissant de la division des risques, les engagements pris par certaines banques, notamment celles relevant du secteur public, ont induit des dépassements en la matière. Ces dépassements sont dus aux financements de certaines entreprises stratégiques relevant du secteur public. La Banque d'Algérie évoque aussi un établissement financier confronté à des difficultés financières, le niveau de son actif net ayant baissé en dessous de la norme réglementaire. Le rapport de la Banque d'Algérie parle, également, des actions de contrôle et d'évaluation de la conformité des dispositifs de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme mis en place par les banques, les établissements financiers et les services financiers d'Algérie Poste. Le rapport révèle que les dispositifs mis en place par certaines banques présentent quelques insuffisances en matière de procédure interne, de système de surveillance des opérations, d'information et de formation du personnel et, plus particulièrement, en ce qui concerne la connaissance de la clientèle. Sur ce point, les inspecteurs de la Banque d'Algérie ont élaboré, dans le cas d'une banque, des rapports confidentiels destinés à la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) portant sur des opérations suspectes relevées sur les comptes de certains clients. Concernant les missions d'enquête qui font généralement suite à des informations parvenant de la CTRF ou suite à des lettres anonymes ou des lettres de réclamation de la clientèle, la Banque d'Algérie annonce la réalisation de 11 enquêtes. Les rapports qui seront transmis à la commission bancaire "ont relevé, à titre préliminaire, certaines insuffisances dans les dispositifs de contrôles internes et de lutte contre le blanchiment d'argent des banques contrôlées (six banques privées et deux publiques)". Les missions réalisées, précise la Banque d'Algérie, ont porté, notamment, sur la division des risques (cas d'une banque), les transferts illicites de devises, les surfacturations et les versements importants en argent liquide. Meziane Rabhi