Les étudiants de l'université de Targa Ouzemour à Béjaïa ont procédé, hier, à la fermeture du campus. Ils étaient une cinquantaine à protester contre la réduction de 0,2% du budget du Haut-commissariat à l'amazighité (HCA) en fermant les deux portails principaux de ce domaine universitaire où sont regroupées les facultés de sciences exactes, de technologie, des sciences de la nature, d'électrotechnique et de mécanique. L'information, relayée et largement commentée sur les réseaux sociaux, n'a pas laissé indifférents les étudiants, qui ont décidé spontanément d'exprimer leur désapprobation quant à la baisse du budget de fonctionnement du HCA dont la mission est la promotion de la langue et de la culture amazighes. Les étudiants ont déployé des banderoles dénonçant la baisse du budget du HCA mais aussi le rejet par la commission des finances de l'Assemblée populaire nationale (APN), d'une proposition d'amendement du projet de loi de finances pour l'année 2018. Ledit amendement visait un relèvement du budget alloué au HCA. Sur place, Hakim, étudiant en biologie et membre d'une association estudiantine, explique : "Le budget de fonctionnement de la Présidence n'a pas baissé. Ils ont trouvé le moyen de baisser celui du HCA. À ma connaissance, il est rattaché à la Présidence. Pourquoi alors cette baisse ?" Ferhat, étudiant en informatique et militant politique, est du même avis. Il relève que l'organisme chargé de promouvoir la langue arabe n'a jamais vu son budget baisser. "On n'a jamais lu dans la presse que l'on a baissé, en raison de la crise, le budget de l'Académie algérienne de la langue arabe (...)Tamazight dérange-t-elle à ce point ? Je peux vous assurer que nous resterons toujours mobilisés". Dans l'après-midi, les étudiants du campus Aboudaou, sis entre les communes de Tala Hamza et Tichy, ont rejoint le mouvement, interdisant, a-t-on confirmé auprès d'étudiants et d'enseignants de la faculté de langues, l'accès aux amphithéâtres. Un rassemblement a été ensuite improvisé ainsi qu'une prise de parole. "Au début, on a eu cours. On a appris que le campus de Targa est fermé. On a commencé à poser des questions. Comme on avait parlé déjà entre nous de la baisse du budget du HCA, on n'a pas hésité une seconde à faire grève", nous a expliqué Saliha, étudiante en 1re année Master à la faculté de droit et de sciences politiques. "Les étudiants sont en colère car, déjà, le pouvoir politique avait mis du temps à reconnaitre tamazight. Et lorsqu'il s'agit de sa promotion, il trouve le moyen de réduire son budget. Pourquoi ils ne réduisent pas leur train de vie à eux, les salaires des ministres et des députés, qui ont osé baisser le budget du HCA, qui ne doit pas être énorme ?" À signaler qu'une marche des lycéens a eu lieu, dimanche, dans les rues de Sidi-Aïch. Ils ont appelé "à la généralisation de l'enseignement de tamazight" et exigé des pouvoirs publics de consacrer plus de moyens "pour la promotion de la culture amazighe". Ce mouvement, spontané des lycéens de Sidi-Aïch, a été relayé par leurs camarades de Tazmalt. M. Ouyougoute