Les partis politiques, qui ont connu des infortunes, petites ou grandes, lors des récentes élections locales, n'auraient pas la perspective organique sereine, le FLN et les conglomérats islamistes, en premier chef. Passé les cris d'orfraie qui ont accompagné les résultats du scrutin du 23 novembre dernier, si l'on excepte le Front de libération nationale (FLN) resté silencieux sur les recours, les partis politiques qui ont connu des fortunes diverses au cours de ces élections auront désormais les yeux rivés sur l'élection présidentielle prévue dans un peu plus d'une année. Et d'ores et déjà, nombre d'entre eux ont mis le curseur sur ce rendez-vous, objet de spéculations politiques et d'intérêts grandissants, y compris auprès des chancelleries occidentales, comme viennent de le laisser entendre des diplomates, qui ont requis l'anonymat, à des journalistes algériens conviés à Bruxelles. "Des décisions importantes et des initiatives innovantes vont être annoncées lors du prochain congrès du parti, prévu au plus tard dans 5 ou 6 mois. Les composantes du parti étudieront, entre autres, la participation à la présidentielle de 2019", a réagi promptement, par exemple, peu après l'annonce des résultats du scrutin, Abdelaziz Belaïd, dont le parti, créé il y a à peine cinq ans, presque sans identité politique, connaît une ascension où l'effet surprise le dispute à la curiosité. Mais avant de plancher sur les préparatifs et la stratégie à adopter vis-à-vis de ce rendez-vous, encore entouré d'une grande opacité qui appelle, au préalable, quelque visibilité politique, nombre de partis sont appelés à connaître quelques révisions, sinon à être confrontés à des remous, conséquences inévitables des lendemains d'ivresse électorale. À commencer par le FLN. Après avoir prédit, avec une arrogance non feinte, durant la campagne électorale une écrasante victoire, le secrétaire général du parti, Djamel Ould Abbes, dont la formation a perdu pas moins de quatre cents APC par rapport au scrutin de 2012, aura fort à faire pour garder son poste lors du comité central prévu dans les prochaines semaines. Non seulement, il devrait s'expliquer sur ses incartades durant la campagne, en s'offrant en dérision sur les réseaux sociaux, mais aussi affronter la colère de ses détracteurs de plus en plus nombreux. Sans compter le mouvement de redressement qui est resté à l'affût. Aux yeux de beaucoup d'observateurs, les sorties impromptues des ex-secrétaires généraux, Abdelaziz Belkhadem et Amar Saadani, sont loin d'être fortuites. Elles se déclinent, dans ce contexte, comme des indices d'une nouvelle dynamique qui se prépare en sourdine au sein du parti surtout que la question d'un nouveau bail pour un cinquième mandat pour Bouteflika, président du parti, ne semble pas encore définitivement tanchée. "Djamel Ould Abbes a terni l'image du parti", a affirmé, péremptoire, il y a quelques jours, un ancien membre du bureau politique. Autre parti qui n'est pas à l'abri des répliques du "séisme électoral", le Mouvement de la société pour la paix (MSP). Arrivée en troisème position lors des législatives du mois de mai, le MSP a laissé quelques plumes durant le dernier scrutin électoral même si ses responsables tentent d'en minimiser l'échec. Vu sous cet angle, le passage de témoin entre l'actuel président, Abdelmadjid Menasra, et Abderrezak Makri, la fin du mois en cours, lors du Madjliss echourra du parti, ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices. D'autant que l'ex-président, Bouguerra Soltani, ne manque aucune occasion de plaider le retour dans le giron du pouvoir, une option que rejette Makri, incarnation de l'aile dure du parti, mais aussi ceux qui accusent aujourd'hui l'administration de les avoir spoliés d'une victoire certaine. Il y a également l'alliance "Ennahda-Al Bina-Al Adala" qui risque l'éclatement. Scellée au début de l'année en cours, cette alliance n'a pas seulement atteint ses objectifs, mais aura aussi du mal à dissimuler les divergences qui la minent de l'intérieur et que ses représentants ont laborieusement tenté de transcender. Seuls, probablement, le FFS et le RCD, grâce aux positions sauvegardées, notamment dans leur fief traditionnel, et le MPA qui a réussi à renforcer ses positions, en dépit d'un début de crise vite contenue au lendemain des législatives, ne risquent pas de connaître des vagues. Tout comme le RND. Du moins pour l'heure. Car les crises qui peuvent surgir, de temps à autre, au sein des partis ne sont pas uniquement liées à des facteurs endogènes, à des ambitions de personnes ou au fonctionnement interne, mais également à des positions politiques. Et l'attitude à adopter, pour beaucoup, vis-à-vis du rendez-vous de 2019 est, dans ce contexte, loin d'être une mince affaire... Karim Kebir