Plus de 70% des demandes d'emploi sont restées insatisfaites durant l'année dernière, selon les chiffres de l'Anem. Récusés par les économistes et autres experts en la matière, les taux de chômage reconnus par les pouvoirs publics, notamment dans les grandes circonscriptions du pays, sont le plus souvent trahis par les chiffres rendus par les différents organismes voués à la politique de l'emploi en Algérie. La journée d'information dédiée aux bilans du secteur de l'emploi dans la wilaya de Constantine aura été, à ce titre, plus qu'édifiante. Organisée conjointement par la Direction de l'emploi de la wilaya (DEW), l'Agence de wilaya de l'emploi (Awem), l'Aansej et la Cnac, jeudi dernier, elle a permis aux présents de cerner davantage le champs d'intervention et les "performances" de ces dernières dans la troisième wilaya du pays. Une wilaya où plus de 70% des demandes d'emploi sont restées insatisfaites durant l'année dernière, selon les chiffres de l'Anem. En effet, sur 53 555 demandes d'emploi dont 16 709 exprimées par la gent féminine, l'on n'a recensé que 15 628 offres dont 13 365 ont été faites dans le cadre des dispositifs d'aides aux primo-demandeurs. Bilan qui dénote une nette récession du marché de l'emploi dans cette wilaya, notamment à cause du recul des investissements dans le BTPH et l'arrivée à terme des différents projets dits structurants, tels que l'autoroute Est-Ouest, le tramway ou encore le viaduc Salah-Bey. D'ailleurs, selon les responsables du secteur à Constantine, le BTPH n'est plus le premier pourvoyeur de postes d'emploi. Il vient loin derrière l'industrie pharmaceutique, la mécanique et les services, ce qui présage d'une véritable mutation du marché local du travail où la TPE et la PME sont appelés à devenir de véritables pôles créateurs de richesse. C'est à cet effet, d'ailleurs, que les pouvoirs publics tablent sur les dispositifs de la Cnac et de l'Ansej pour corriger les chiffres des aménagements classiques et s'inscrire dans le sillage de ces mutations économiques. À ce titre, le dispositif Cnac, qui a aidé à la création à Constantine, depuis son lancement en 2004, de 11400 emplois, n'a produit, jusqu'au mois de novembre de cette année, que 120 nouveaux emplois dans des secteurs porteurs. Un résultat qui peut être amélioré une fois la contrainte de la validation des acquis professionnels levée. Celle-ci concerne les personnes âgées entre 30 et 50 ans en quête d'un redéploiement professionnel que seule une formation adaptée peut garantir. Quant au dispositif Ansej, 220 nouvelles entreprises ont été créées à Constantine à la même échéance par de jeunes promoteurs, ce qui constitue la meilleure performance réalisée à l'échelle nationale. Ce chiffre, jugé dérisoire s'il est comparé aux 13 000 entreprises déjà créées à Constantine dans le cadre de ce même dispositif depuis son lancement, est le résultat de plusieurs facteurs. On peut citer la conjoncture économique et financière que traverse le pays depuis l'été 2014, l'arrivée à saturation de plusieurs créneaux, ainsi que la nouvelle orientation du dispositif appelé à privilégier l'investissement de qualité en ciblant les jeunes promoteurs issus des universités et des centres de formation professionnelle. D'où l'on dénombre près de 99% de jeunes diplômés des universités ou des centres de formation impliqués dans la création de ces 220 nouvelles entreprises. L'expérience Ansej, qui ne cesse d'être mutualisée, a enregistré, rien que pour cette année, 27% d'investissements dans le secteur productif agricole, alors que le taux de recouvrement des échéances arrivées à terme est de 73% contre 64% en moyenne pour les années précédentes, et pour qu'enfin, une prime pouvant atteindre les 10% du coût global du projet soit accordée aux innovateurs. Malgré cela, des contraintes restent toujours posées dont la plus importante est celle du foncier industriel. Pour les responsables de l'agence, la solution peut venir de la création de micro-zones d'activité ne nécessitant pas de grandes superficies et d'importants moyens de gestion, au regard de la nature des investissements Ansej, mais apportant des garanties sûres pour l'aboutissement des projets. Un employé sur deux est Chinois A Constantine, sur les 5 915 ressortissants étrangers salariés, recensés par les services de la main-d'œuvre, 5 863 émargent au BTPH, 43 à l'industrie et 9 à celui des services. Privilégiée dans le secteur d'activité du BTPH, la main-d'œuvre chinoise arrive en pole position avec 3 448 ressortissants. Elle est suivie des Turcs, avec 817 ressortissants et des Vietnamiens, avec 215 employés. Malgré l'arrivée à terme de l'essentiel des projets du bâtiment et des travaux publics, à Constantine, plus d'un ouvrier étranger sur deux est Chinois. S'agissant des ressortissants européens, ce sont les Espagnols qui arrivent en première position, avec 24 employés devant les Français au nombre de 9 et les Italiens avec seulement 6 salariés. La main-d'œuvre issue des pays voisins tels que la Tunisie et le Maroc est minime. Officiellement, seuls 31 Tunisiens travaillent à Constantine, contre 5 Libanais et 2 Marocains. M. K.