Cette éventualité qui dépend d'une décision politique est soumise à plusieurs conditions par l'Algérie. En visite officielle en Algérie depuis le 23 du mois, la chambre de commerce de Casablanca (CCIC), forte d'une délégation de 70 participants représentant divers secteurs, ainsi que les présidents de la chambre de commerce d'Agadir et de l'Association des exportateurs marocains, ont poursuivi leurs contacts avec leurs homologues de la chambre de commerce et d'industrie de l'Oranie (CCIO) à travers des ateliers. Lors de la rencontre organisée hier à l'hôtel Mouahidine d'Oran, le maître-mot qui a prévalu a été “la réouverture des frontières algéro-marocaines”. Les participants ont tous affiché leur optimisme. “Je suis convaincu que très prochainement, il y aura la réouverture”, dira en ces termes M. Kemmou, président de la CCIC. Ainsi, le message des opérateurs économiques des deux pays a été on ne peut plus clair en direction des “politiques” de leurs deux pays. Les intérêts communs économiques sont certains, les potentialités d'échanges également, diront en substance plusieurs chefs d'entreprise. D'ailleurs, les deux délégations doivent rédiger un document qui sera adressé au président Bouteflika et au roi Mohammed VI “pour les informer sur les engagements importants pris entre le monde économique algérien et marocain”. Pour l'heure, le volume des échanges entre les deux pays est qualifié d'infime, soit 200 millions de dollars, mais les perspectives laissent entrevoir un volume pouvant atteindre facilement le milliard de dollars. Si la balance commerciale est en faveur des Algériens, cela est le fait des exportations d'hydrocarbures qui représentent 70%. Le président de l'Association des exportateurs marocains, tout en reconnaissant que les échanges ont toujours existé entre les deux pays, de meilleures conditions pour développer les relations commerciales et de partenariat passent encore et surtout par “l'ouverture des frontières et l'annulation des droits de douane”. La création de la chambre de commerce mixte algéro-marocaine connaîtra très prochainement un regain d'activité puisqu'elle est appelée à participer à la foire internationale d'Alger du 1er au 9 juin. Quant au siège algérien de cette chambre mixte, il sera probablement domicilié à Oran, un souhait émis par M. Aabor, président de la CCIA. Quant aux répercussions des accords d'association avec l'UE, le Maroc s'étant engagé bien avant l'Algérie, M. Kemmou de la CCIC dira : “L'erreur que nous avons commise est d'avoir négocié séparément (Maroc, Tunisie, Egypte et même l'Algérie)… Mais nous pouvons aujourd'hui devenir une force en renforçant nos liens et nos échanges, et pourquoi pas en renégociant certains aspects…” Durant les débats, les opérateurs économiques algériens et marocains se sont trouvé un autre point commun, celui du poids de l'informel qui mine leur économie. Si dans notre pays, cela prend la forme de produits finis importés et écoulés sur le marché, au Maroc, l'informel, c'est une industrie, des ateliers qui produisent. Le président de la CCIA dira, à cet effet, que “tous ici, en tant qu'opérateurs, peuvent apporter et proposer des solutions aux pouvoirs publics. Mais encore faut-il qu'ils veuillent vraiment lutter contre ?” dira encore en substance l'intervenant. Durant les échanges qui se sont poursuivis à travers des ateliers, des perspectives concrètes se sont dessinées avec des opérateurs marocains du textile à la recherche de partenaires pour commercialiser leur produit, ou encore pour la délocalisation vers le Maroc d'une unité de traitement du phosphate. F. B.