À compter de 2021, les médicaments dédiés au traitement du cancer de la prostate seront fabriqués en Algérie. C'est le fruit d'un partenariat entre le fabricant français, Ipsen Pharma et la société algérienne de prise de participation, Isly Holding. Les deux partenaires sont arrivés, après deux ans de négociations, à un accord qu'ils ont signé il y a 5 jours à Paris. Le projet consiste en la construction d'une usine spécialisée en oncologie. La cérémonie a eu lieu à l'occasion de la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau Algérie-France (CIHN) à l'hôtel Matignon, en présence des Premiers ministres des deux pays. C'est dire l'importance qu'ont accordée les deux Etats pour la réalisation de ce projet. En effet, notre pays enregistre depuis plusieurs décennies, une forte demande en anti-cancéreux notamment ceux qui traitent les pathologies liées à l'oncologie. La mise en œuvre du plan anti-cancer entre 2015 et 2019 a fait augmenter les importations de ce type de médicaments, effectuées par la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). Les besoins de plus en plus pressants du pays ont motivé le gouvernement à créer cette unité localement. Cette structure sera implantée dans la ville nouvelle de Sidi Abdellah. L'investissement projeté selon la règle 51/49, avoisinera les 20 millions d'euros. Il s'agit, estime Benoît Hennion, vice-président exécutif et président médecine générale à Ipsen Pharma, de la "construction de la première usine en Afrique pour la production de forme peptidique retard avec des procédés spécifiques et complexes". Ce projet qui sera d'un grand apport pour le développement de l'industrie pharmaceutique contribuera de manière significative à la réduction de la facture des importations et fera bénéficier notre pays du transfert technologique. Dans le plan d'action de cette société mixte, il est projeté d'exporter les médicaments fabriqués dans cette usine vers les pays de l'Afrique subsaharienne. L'entreprise devrait à terme employer plus de 150 personnes directement et permettre la création d'emplois indirects. Le cancer de la prostate représente la deuxième cause de décès par cancer chez l'homme dans la plupart des pays développés. Ce cancer est la troisième cause de décès en Algérie, après ceux des poumons et colorectaux, avec une incidence en constante augmentation. Etant donné le besoin de santé publique, l'Etat a inscrit cette maladie comme l'une de ses priorités. Mieux, au-delà de cet investissement, des discussions sont en cours avec des sous-traitants locaux, dotés de capacités de production et répondant aux normes internationales, pour fabriquer dans un futur proche d'autres produits dédiés à la santé familiale au profit du marché national. En tout cas, Ipsen met à la disposition des patients algériens huit spécialités pharmaceutiques dans différentes aires thérapeutiques, à savoir l'oncologie, l'urologie, la gynécologie, l'endocrinologie, la neurologie et l'hépato-gastro-entérologie. Il est à noter que la spécialité Smecta est déjà fabriquée localement par AT Pharma (groupe Hydra Pharm) depuis 2015. Pour sa part, Lyès Boudiaf (aucun lien de parenté avec l'ex-ministre de la Santé, ndlr), président d'Isly Holding, avoue que ce "partenariat, rendu possible grâce à l'expertise de Samir Sayeh, du cabinet CMS, et du bureau Francis Lefebvre, se veut une nouvelle étape confirmant le développement des activités de notre société dans différents secteurs liés à l'industrie". Ce jeune opérateur confirme la ferme volonté d'Isly à contribuer à l'émergence d'une véritable industrie locale. B. K.