RESUME : En se confiant à sa sœur, Djamila a la confirmation de ses craintes. C'est une relation vouée à l'échec. Leur différence d'âge en est la cause. Tous deux s'y font. Djamila aura l'occasion de l'oublier. Sa fille Nadia y est pour beaucoup. -Maman, je t'ai caché des choses. Je fréquente un garçon depuis quelques mois, lui confie Nadia. Nous avons l'intention de nous marier. - Tu as bien réfléchi à la question ? - Oui. Tu n'es pas fâchée ? l'interroge la jeune fille. Tu ne sembles pas m'en vouloir de te l'avoir caché ? - Je ne suis pas surprise. Tu es une belle fille. J'avais remarqué que tu avais beaucoup de succès auprès des garçons de ton âge, quand tu venais à la maison, répond Djamila. Et puis, je ne peux pas me fâcher. Je comprends que tu aies voulu être certaine du sérieux de ce garçon, avant de m'en parler. Il étudie avec toi ? - Non, il a fini ses études en pharmacie. Il vient de trouver du travail. - Il a parlé de toi à ses parents ? veut-elle savoir. Ils sont d'accord ? - Oui. Ils veulent que tout se fasse rapidement, confie-t-elle à sa mère. C'est pour cet été. Djamila compte sur le bout des doigts. - Mais ce sera dans quatre mois. - C'est suffisant pour se préparer, dit Nadia. - Et tes examens ? Tu voulais être biologiste. Pourquoi abandonner maintenant ? Tu es si près du but, lui rappelle sa mère, très déçue. Pourquoi ? - Je n'abandonne pas maman. On va seulement se marier. On s'aime tellement. Nadia la prend dans ses bras et la serre très fort. - Maman, je t'aime si fort. -Je sais, murmure Djamila, émue jusqu'aux larmes. Je trouve que vous y allez un peu trop vite. - Je me sens prête, maman. - Puisque tu le dis, je veux bien te croire, dit Djamila en l'entraînant dans sa chambre. Là, elle ouvre la garde-robe et lui montre ce qu'elle lui a préparé pour son trousseau. Les parures de draps, de serviettes de bains, des napperons et deux coupons de tissus de table, à broder. En plus de quatre matelas de laine et d'une douzaine de coussins. - Maman, je n'ai pas besoin de tout ça, s'écrie la jeune fille. C'est trop. - Et que diront les gens ? réplique Djamila. Je ne veux pas que tu deviennes la risée du quartier. - Qu'en ai-je à faire de ce qu'ils diront ? rétorque Nadia. Le plus important est que je sois heureuse. - Si seulement j'avais ton tempérament. L'espace de quelques secondes, elle pense au jeune homme qui lui avait avoué son amour. Que se serait-il passé si elle ne l'avait pas éconduit ? - Maman, de quoi parles-tu ? Djamila la rassure, en souriant. - De rien de précis. - On profitera des vacances de printemps, propose Nadia, pour m'acheter une robe pour les fiançailles et un tailleur blanc. - Un tailleur ? Et la robe de mariée ? Pourquoi tiens-tu à être différente des autres mariées ? l'interroge sa mère qui n'appréciait pas l'idée qu'elle puisse porter un tailleur, le jour du mariage. Non, une mariée doit porter une robe blanche avec un voile ou avec un burnous. Ce ne sera pas autre chose. Nadia veut bien lui faire plaisir. À son retour, lors des vacances, elles iront faire le tour des boutiques de la ville. Ces achats les mèneront là où Djamila ne comptait jamais se rendre, pour s'éviter de souffrir. Mais c'est tout un plaisir que de revoir Madjid. Et elle ne le cache pas. (À suivre) A. K. [email protected]