Les lycéens de Béjaïa ne semblent pas décidés à arrêter leur mouvement de grève pour tamazight. Il faut dire que la revendication ne cesse de mobiliser et les lycéens et les étudiants qui, de leur côté, continuent de fermer les deux campus, Anoudaou et Targa-Ouzemour. Les marches et rassemblements ont été organisés, hier, par les lycéens de la commune balnéaire d'Aokas et d'El-Kseur. À Aokas notamment, ils étaient des centaines de lycéens à battre le pavé dès la matinée dans les rues de cette station balnéaire. Et selon des témoins oculaires, des enseignants en l'occurrence, ils ont scandé les slogans habituels : "Assa, Azekkka, tamazight thella thella" (Aujourd'hui, demain, tamazight existera toujours) ; "Révisez l'histoire, nous ne sommes pas des Arabes" ou simplement : "Nous ne sommes pas des Arabes", "Nekni d'Imazighen" (Nous sommes des Amazighs). La manifestation s'est déroulée dans le calme. Il s'agit en l'occurrence de la première manifestation pour tamazight, organisée dans la région du Sahel. Quasiment, à la même heure, leurs camarades de la ville d'El-Kseur, étaient aussi au rendez-vous. En effet, les lycéens, rejoints par des collégiens mais aussi par des citoyens "pour la bonne cause", a-t-on indiqué, ont marché en scandant les mêmes slogans que ceux d'Aokas. Ils ont sillonné toutes les artères depuis Berchiche jusqu'à El-Kseur-ville, soit quelque 2 kilomètres. Et durant leur passage, particulièrement bruyant, ils ont sorti des collèges, les élèves du moyen qui sont venus, "avec plaisir", grossir les rangs. Ils se sont orientés ensuite vers le siège de l'APC où ils ont tenu un sit-in. Une prise de parole a été improvisée. Les animateurs de ce mouvement de lycéens se sont relayés à la tribune pour haranguer la foule et expliquer pourquoi il faut demeurer mobiliser jusqu'à satisfaction "pleine et entière" de leurs revendications. "Une officialisation véritable de la langue amazighe, qui doit, explique-t-on, avoir le même statut que la langue arabe, qui, selon eux, bénéficie, contrairement à tamazight, de tous les moyens." Les lycéens avaient organisé, la veille, une marche surprise dans les rues de la ville d'El-Kseur. "Comme elle n'avait pas mobilisé grand monde, a expliqué un élu de la localité, nous sommes revenus à la charge et j'avoue que, cette fois, ils étaient des centaines à marcher dans les rues. Cela faisait bien longtemps que nous n'avions pas assisté à une marche aussi importante", dira-t-il avec insistance. Il faut dire que le mouvement des lycéens s'inspire de celui des étudiants, qui sont à leur deuxième semaine de grève. Les deux universités sont fermées. Les étudiants, en AG à l'heure du bouclage, pourraient décider d'une marche sur Alger. La proposition a été faite par un groupe d'étudiants mais la décision n'a pas été encore entérinée par l'AG ouverte, qui se déroule à Targa-Ouzemour. Ils veulent s'inspirer, sans doute, de la marche des contractuels de l'éducation, qui avait été stoppée à Boumerdès. M. Ouyougoute