Les lycéens se sont joints au mouvement de protestation et sont sortis dans la rue pour sillonner les artères de la ville en scandant "Assa azaka, tamazight tela tela". Les affrontements enregistrés à l'intérieur de l'université Akli-Mohand-Oulhadj de Bouira, lundi soir, ont eu un effet négatif sur le déroulement des événements. En effet, hier matin, et après la fermeture des portes de l'université par le rectorat pour des raisons de sécurité, les étudiants ont été empêchés d'y entrer par les agents de sécurité qui ont cadenassé toutes les issues de l'université et du pôle universitaire. Aux alentours, un imposant dispositif de sécurité a été mis en place par les services de sécurité. Vers 10h du matin, des centaines de jeunes sont venus des différentes régions berbérophones pour exprimer leur colère face à l'agression de leurs proches la veille à l'intérieur du campus par des étudiants affiliés à l'Union générale des étudiants algériens (Ugel) et appuyés par des jeunes issus, pour la majorité, de certains quartiers populaires de la ville de Bouira, selon les témoignages d'étudiants. À 11h, ce sont les lycéens qui sont sortis dans la rue pour sillonner les artères de la ville en scandant "Révisez l'histoire, l'Algérie n'est pas arabe", "Assa azaka, tamazight tela tela". Vers midi, une autre marche s'est ébranlée de l'université vers le siège de la wilaya. Des milliers de personnes ont pris part à cette imposante manifestation pour dénoncer la décision du rejet par la commission des finances de l'Assemblée nationale de l'amendement relatif à la promotion de la langue amazighe. Une marche qui a tourné à l'émeute, opposant forces de l'ordre, d'un côté, et, de l'autre, les manifestants qui ripostaient par des jets de pierres. Les manifestants se sont, une seconde fois, rassemblés pour reprendre la marche depuis le siège de la wilaya vers l'université. Devant l'université, plusieurs voix ont appelé au calme. Mais la foule, chauffée à blanc, s'est dirigée vers la cité des 140-Logements pour se venger de l'agression dont ont été victimes, la veille, les étudiants par des jeunes de la cité en question qui s'étaient rangés du côté des étudiants affiliés à l'Ugel. Sur les lieux, le pire a, heureusement, été évité. Les jeunes de la cité étaient sur le qui-vive. Les deux camps munis d'armes blanches se sont également affrontés à coups de pierres, se soldant par plusieurs blessés. Pendant plus de 20 minutes, les membres des services de sécurité ne sont pas intervenus. Et ce n'est qu'au moment où la situation allait tourner au drame que les éléments de la police sont passés à l'action pour séparer les protagonistes. Vers 14h30, une autre tentative d'affrontement a été empêchée par la police. Les protestataires accusent le pouvoir d'avoir mis de l'huile sur le feu, en interdisant la marche pacifique et d'avoir encouragé les étudiants de l'Ugel à commettre des agressions physiques à l'intérieur du campus universitaire, alors que les manifestants qui revendiquaient pacifiquement leur identité ont subi la matraque. En fin de journée, la ville a retrouvé son calme. A. DEBBACHE