"Triste nouvelle ! Ahmed Achour nous a quittés. Que Dieu ait son âme !" Mon ami et confrère de Canal Algérie, Ahmed Laribi, venait de m'annoncer l'affreuse nouvelle. Accroché au téléphone, j'étais tout simplement pétrifié car je ne réalisais pas l'ampleur du drame. C'est que, lundi passé, j'ai eu l'immense plaisir de revoir, comme toujours, mon ami Ahmed au Centre international des conférences du Club des pins, à l'occasion du Symposium national sur le renouveau du football algérien et il avait plutôt bonne mine. Peut-être un peu fatigué comme tous les vrais professionnels de la corporation qui font face à un quotidien souvent éprouvant, mais il avait gardé cet air jovial et rieur que nous lui avons toujours connu, même si son sérieux légendaire prenait quand même le dessus dès lors qu'il fallait se plier à la rigueur du boulot. En fait, j'ai eu l'immense plaisir d'avoir partagé avec le défunt de belles expéditions journalistiques aux quatre coins de l'Afrique, notamment lors de la CAN 2002 au Mali, où nous avions partagé, pendant quinze jours, la même chambre à l'hôtel Djamana de Bamako. Nous avions gardé des souvenirs impérissables dont Ahmed se souvenait dans les détails, lui qui avait une mémoire infaillible. Il avait le contact facile à un tel point qu'il nous avait débrouillé une voiture officielle avec chauffeur pour toute la durée du séjour par le biais d'un de ses anciens amis qui était un journaliste malien bien connu et membre du comité d'organisation de la CAN 2002. Mieux encore, à la veille de cette superbe finale Cameroun-Sénégal, nous avions eu le privilège d'être logés au Centre de Faladjié, à une dizaine de kilomètres de Bamako, où logeaient les fameux Lions indomptables avec lesquels le sacré Ahmed avait sympathisé, notamment avec le mythique Samuel Etoo et les regrettés Marc-Vivien Foé et Rigobert Song. Il est vrai que notre frère Ahmed Achour était une véritable encyclopédie du football algérien et africain qui est venu très jeune au journalisme sportif puisqu'il était déjà pigiste en 1969 au quotidien national El Moudjahid. À l'époque, il n'avait que 20 ans et venait de décrocher son baccalauréat pour réussir ensuite de brillantes études universitaires en chirurgie dentaire tout en se donnant corps et âme à sa passion obsessionnelle pour le journalisme sportif. Diplôme en poche, il exerça le métier de chirurgien-dentiste dans les années 80 à Khemis El-Khechna, mais la passion du foot l'avait emporté, puisque Ahmed Achour, qui n'avait jamais coupé les ponts avec la rédaction sportive d'El Moudjahid, fut enfin régularisé en tant que journaliste permanent en 1990 dans le même journal avant de bosser durant quelques années au quotidien L'Expression pour atterrir enfin au quotidien Le Temps où il occupait, ces dernières années, le poste de chef de la rubrique sportive. Lors de notre entrevue, lundi passé au Club de pins, Ahmed m'avait fait part de son intention de déposer enfin son dossier de retraite, mais le destin aura voulu qu'il parte en retraite éternelle. Il n'avait que 68 ans et il est parti trop tôt, car le sport algérien (il était pluridisciplinaire) avait encore besoin de sa longue expérience du sport de haut niveau et de sa passion footballistique. Adieu Ahmed ! Adieu l'ami ! Adieu frère ! Mohamed HAOUCHINE