"Le meilleur moyen de combattre ces courants (extrémistes, ndlr), c'est la démocratie", a plaidé Mohand Arezki Ferrad. Ancienne figure du FFS, militant politique et chercheur en histoire, Mohand Arezki Ferrad a plaidé hier pour la promotion de tamazight et son adoption par le peuple algérien, faute de quoi elle va alimenter, selon lui, les tenants de l'option séparatiste. "Il est de l'intérêt de l'Algérie d'adopter la langue amazighe", a plaidé Mohand Arezki Ferrad, invité au Forum du quotidien El Hiwar. Selon lui, "tamazight a été victime d'injustice" et la commission de l'APN, qui a rejeté l'amendement introduit par le PT a priori à l'origine des grandioses marches pacifiques organisées ces derniers jours en Kabylie, a fait preuve "d'ignorance politique et de mépris". "On doit être fier de toutes les composantes linguistiques et culturelles du pays", a-t-il encore soutenu, non sans rappeler le défunt Abdelhamid Mehri qui relevait, à juste titre, que l'Etat algérien n'a pas eu, à l'indépendance, une politique linguistique. Selon ce chercheur, personne en Algérie n'est hostile à la promotion de tamazight, hormis ceux qui sont prisonniers d'une vision idéologique étriquée et sectaire. "On doit la protéger des extrémistes d'un côté comme de l'autre", allusion aux partisans du séparatisme en Kabylie, mais aussi des adversaires arabophones de cette langue. "Le meilleur moyen de combattre ces courants, c'est la démocratie", a encore plaidé Mohand Arezki Ferrad. Du reste, pour ce fils de chahid, produit de la zaouïa et parfait arabisant, la question aujourd'hui est de savoir si tamazight doit être développée dans le cadre de la culture arabo-islamique ou dans un autre cadre. "La langue arabe, c'est indiscutable, doit être dans le peloton de tête car c'est la langue qui unifie, ensuite, ont doit promouvoir tamazight", estime-t-il. Considérant que le séparatisme est un germe colonialiste qui "s'est épanoui" à l'indépendance du pays, Mohand Arezki Ferrad soutient qu'il ne conçoit pas la promotion de tamazight en dehors du giron de l'arabo-islamisme, d'où sa proposition de transcrire tamazight en caractères arabes. Toutefois, histoire, à ses yeux, d'ôter cette langue de l'instrumentalisation, il convient de créer dans les plus brefs délais une académie berbère et de créer trois laboratoires : l'un pour se pencher sur l'usage des caractères arabes, l'autre pour le latin et un troisième, enfin, pour le tifinagh. "Après évaluation, on choisira le caractère approprié. Mais ce n'est pas ma génération qui va trancher", a-t-il, cependant, tempéré. "Je ne crois pas que l'académie seule puisse trancher, il faut aussi les politiques", a-t-il ajouté. "Il est dans l'intérêt de l'Algérie d'adopter tamazight", a-t-il encore dit, en estimant que "cette langue doit d'être soustraite de l'idéologie étriquée" à travers l'avènement d'une deuxième république et l'élection d'une assemblée constituante. Hostile à une autre forme d'organisation de l'Etat en raison "du niveau politique de la société", surtout que les velléités de division du pays s'échafaudent ailleurs, Mohand Arezki Ferrad a, par ailleurs, reconnu que le "courant francophone a beaucoup défendu tamazight", même si, dit-il, "il ne partage pas leur orientation". K. K.