La commune de Sidi Abdelaziz, située à 25 kilomètres à l'est de Jijel, comptant près de 10 000 habitants, vit une situation de blocage sans précédent. Le chômage constitue une vraie plaie sociale à Sidi Abdelaziz. Une région où la dynamique de développement tarde à venir, tant les élus locaux sont incapables d' y trouver des solutions adéquates. La situation sociale dans cette ville côtière demeure préoccupante. Le nombre élevé de chômeurs exprime clairement l'échec des élus locaux dans la gestion des affaires publiques. Le taux de chômage dépasse très largement la moyenne nationale. Le microcrédit, l'emploi des jeunes et les prêts bancaires ne sont pas connus par la majorité de la population juvénile. Après avoir longtemps vécu sous la pluie des devises injectées par une importante communauté d'émigrés, de “retraités de Fafa”, le bonheur tant miroité à tous les enfants et petits-enfants s'est peu à peu émoussé. L'heure est à la désillusion. Cette manne n'a pu être orientée vers le financement du développent local, pour ne servir que dans l'autoconstruction et l'achat de véhicules. Aujourd'hui, le résultat est là. À quoi peuvent s'attendre les nombreux chômeurs, notamment l'importante frange des diplômés demandeurs d'emploi ? Les jeunes meublent à longueur de journée les cafés, les yeux rivés sur le petit écran qui reste leur seul lien avec le monde extérieur. D'autres, ceux dont les parents sont moins démunis, préfèrent aller dans des cybers pour ouvrir une “fenêtre” sur le monde, à la recherche d'une réconfortante rencontre virtuelle. “Nous consommons quotidiennement notre jeunesse”, nous dit Halim, chômeur. C'est un sentiment partagé, du reste, par la totalité des jeunes à la charge de leur famille et très souvent à la charge d'un retraité décédé. Et c'est la grand-mère de 80 ans, dépositaire de la pension du défunt époux, qui nourrit toute la famille. Comme quoi, ce sont parfois les morts qui vont à la rescousse des vivants, quand les jeunes ne travaillent plus. Devant l'incohérence des politiques locales de développement, les jeunes restent pessimistes quant à un probable changement. Dans ce statut quo, la population dans sa grande majorité est en proie au mal de vivre. Une situation qui peut constituer, à la longue, un véritable réservoir à tous les maux sociaux, si des dispositions urgentes ne sont pas prises par les pouvoirs publics. Si des dizaines de jeunes de Sidi Abdelaziz, qui ont pu obtenir des visas pour l'Europe n'hésitent pas à aller tenter l'aventure outre-mer, des centaines d'autres n'auront comme refuge que la délinquance. M. B.