Après avoir subi, des années durant, les affres du terrorisme, Ziama Mansouriah fait face, aujourd'hui, à un isolement tout aussi nuisible que la violence terroriste. Ziama Mansouriah, situé à 43 km à l'ouest de Jijel, l'un des plus beaux villages d'Algérie, appartient à l'une des plus pauvres communes de la wilaya. Personne ne peut nier que la décennie écoulée a eu un effet catastrophique sur toutes les structures étatiques. Mais, maintenant, que les choses rentrent dans l'ordre, une stratégie efficace de relance du secteur touristique est d'une nécessité absolue. une commune enclavée de 12 000 habitants livrés à eux-mêmes, pourtant ce ne sont pas les projets qui manquent. Un minimum aurait, certainement, permis de faire sortir Ziama de cet isolement qui en dit long. Contacts avec des associations et des offices de tourisme étrangers, publicité, encouragement à l'investissement, échanges culturels et autres actions peuvent servir de catalyseurs à la relance du tourisme dans la région. Bon nombre de nos concitoyens ne réalisent pas la valeur du tourisme du fait qu'ils ne se rendent pas compte de la beauté de leur région et des biens que tout cela peut rapporter à long terme en plus de la création de postes d'emploi. Ziama est exceptionnelle en matière de vestiges historiques et de sites naturels. Ce n'est pas par hasard si des touristes étrangers venaient faire du camping et admirer les magnifiques paysages, les grottes merveilleuse, les Aftis, El Ouldja et la plage Rouge. Ce ne sera pas une surprise si un jour ces sites deviennent les meilleures zones d'expansion touristique. Ainsi, malgré ses grandes potentialités naturelles, Ziama ne profite de ces atouts que l'espace d'une saison, l'été. Encore reste-t-il beaucoup à faire. Les capacités d'accueil sont presque inexistantes et les nombreux touristes n'ont à leur disposition qu'un seul hôtel, le Chobae, avec 50 lits, et la location d'appartements hors d'atteinte d'ailleurs, pour beaucoup. Véritable havre de paix, région féerique pour le visiteur, qui est vite repéré, il n'est, cependant, pour ses habitants qu'une région enclavée et déshéritée. En outre, le nouveau centre de santé, ouvert au mois de juillet dernier, est toujours dépourvu d'un service de maternité. Ce service demeure une des préoccupations de la population de cette municipalité. Pour les habitants disséminés à travers les hameaux, pour la plupart enclavés, les seuls moyens de transport, après 17 h, sont les véhicules des clandestins monnayant, selon les dires de la population, jusqu'à 1 000 DA pour prendre en charge la patiente. D'ailleurs, plusieurs malades surpris par un malaise au milieu de la nuit ont succombé. Le chômage, constituant une vraie plaie sociale, les jeunes de cette localité gâtée par la nature sont voués à l'oisiveté, mère de tous les vices. Une région où la dynamique de développement tarde à venir, le taux de chômage dépasse largement la moyenne nationale ; le micro crédit, l'emploi de jeunes et les prêts bancaires ne sont pas connus par la majorité de la population… CHÔMAGE ET OISIVETE Une fois la saison estivale passée, le village désert est aux mains de jeunes oisifs et des vieux qui prennent place, chaque matin, sur les abords des bâtisses du centre-ville où se trouve le siège de l'APC et la cafétéria du “colonel Hocine”. Les jeunes, dont la majorité est sans emploi, traînent à travers les rues, devant le port, ou encore, dans certains cafés. Ziama n'arrive pas à sortir de son marasme ; tout a été abandonné, même l'agriculture qui était le porte-flambeau de l'économie locale a été délaissé après l'exode rural qu'a connu la région au profit d'un commerce parasitaire et sans aucun avenir. L'olivier et l'élevage ovin, qui constituaient autrefois les richesses de la région, ne sont plus qu'un souvenir. Djida El Marsa a tourné le dos aux pécheurs. Fini le temps de la baraka où, sitôt les embarcations rentrées au port, des casiers entiers de poissons sont offert gratuitement à la population venue partager les offrandes de la grande bleue. Aujourd'hui, les marins-pêcheurs ziamis font prendre à leur marchandise fraîchement acquise le chemin de la ville où le profit ne peut être que largement meilleur. Le centre-ville, lieu de rencontres, s'est transformé en un endroit de rendez-vous d'une jeunesse désespérée, issue d'un exode rural sans précédent. Les fléaux sociaux ont fait leur apparition, touchant une partie de cette population juvénile. Les diplômés, faute de moyens, sont obligés soit de quitter le village pour aller vers d'autres régions soit se résigner à rejoindre le rang des oisifs qui occupent, à longueur de journée, les trottoirs et les cafés. La population, dans sa grande majorité est en proie au mal de vivre. Le tribalisme et le clanisme ont été les principaux facteurs de la dégradation de la région. La population étant d'origine rurale est sensible à l'appel de la tribu et du clan. Ce qui s'est répercuté, négativement, sur le développement et la gestion des affaires publiques devant l'incohérence des élus locaux.Les citoyens restent optimistes quant à un probable changement, surtout, après la dernière visite du wali dans la région. Ce dernier a indiqué que d'importants projets à caractère social et économique seront lancés au courant de l'exercice 2006. La commune de Ziama, qui constitue une merveille avec un paysage sublime, mérite un meilleur sort. Mourad B.