Les organisations professionnelles activant dans le secteur de l'éducation disent ignorer tout du contenu transmis par Benghabrit à Ouyahia. La déclaration faite, hier à Alger, par la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, selon laquelle, le dossier de la révision de l'examen du baccalauréat était "fin prêt" et sera soumis au gouvernement "en temps opportun", a fait sortir de leur réserve les partenaires sociaux. Certains syndicats disent tout ignorer du contenu du projet présenté au gouvernement, rejettent carrément cette réforme, au motif qu'elle devait être devancée par une réorganisation de l'enseignement secondaire, et d'autres ont réitéré leur proposition de réforme à laquelle ils ont participé à l'élaboration lors des discussions ayant eu lieu l'année dernière. Dans la première catégorie on retrouve, le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapest), dont le chargé de l'information, Messaoud Boudiba, rappelle que pour son syndicat, il ne peut y avoir de réforme du baccalauréat sans une restructuration de l'enseignement secondaire. Il a expliqué que "cette étape, qui devrait intervenir après celle des cycles primaire et moyen, est nécessaire pour construire une nouvelle vision sur les réformes à apporter à l'examen du baccalauréat", mais aussi que sa proposition consiste à garder l'examen dans sa forme actuelle. Et ce, "jusqu'à l'aboutissement de la réforme du secondaire, laquelle sera bâtie sur un nouveau système, à savoir sur les élèves de la premier année secondaire". S'agissant, toutefois, du projet présenté par la ministre, il a affirmé : "Nous n'avons aucune information au sujet du projet présenté par la ministre, alors que nous avions exigé qu'avant toute présentation au gouvernement, nous devions en être informés. Malheureusement, cette demande n'a pas été respectée, et le projet a été présenté directement au gouvernement." Le secrétaire général du Conseil des enseignants des lycées d'Algérie (Cela), Idir Achour, est du même avis. "Sincèrement, on n'a aucune idée du contenu de ce projet", a-t-il lancé tout de go, ajoutant que "de toute façon, on a eu deux discussions l'année passée sur la réforme du baccalauréat, mais on ne sait pas si ce sont les mêmes propositions qu'on a faites qui ont été remises sur le tapis, ou non". Il affirme, toutefois, que "notre proposition est claire : il ne peut y avoir de réforme du baccalauréat avant qu'elle ne soit intégrée dans la réforme de l'enseignement secondaire dans sa globalité". Pour sa part, le secrétaire général du Satef, Boualem Amoura, a rappelé que le projet qui a été présenté récemment est celui-là même qui a été déposé sur le bureau du chef de l'Exécutif, le 16 juillet de l'année dernière, sans subir de changement. Selon lui, jugeant que quatre propositions sont soumises à l'arbitrage du Premier ministre, à commencer par celle présentée par le Satef et qui porte sur un examen en deux parties, soit la première en 2e année secondaire pour les matières non essentielles, et l'autre en terminale pour les matières essentielles. La deuxième proposition consiste en l'introduction de la fiche de synthèse qui prendrait en compte les notes des élèves durant les 2e et 3e as. La troisième proposition est l'autre proposition pour un bac en deux sessions, en juin et en septembre. L'arbitrage du Premier ministre d'alors n'a pas eu lieu. Le coordinateur national du Syndicat national des professeurs d'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Mériane, qui rappelle avoir été membre de la commission de la réforme du baccalauréat, résume, lui, les divergences ayant caractérisé les discussions au sujet de cette réforme. Il s'est agi, d'abord, de ramener l'examen du baccalauréat à trois jours, au lieu de cinq. Mais le problème qui s'était posé est qu'"étant donné qu'il y a dix matières qui sont examinées au bac, trois jours ne suffisent pas. Le Snapest a proposé que "certaines matières ne seront pas examinées au bac pendant les trois jours, mais il faut tenir compte de leurs notes de l'année scolaire dans la fiche de synthèse, c'est-à-dire les considérer comme un contrôle continu qui va accompagner le dossier de l'élève aux délibérations". Selon le syndicaliste, durant les travaux de cette commission, la discussion sur les matières à inclure dans le contrôle continu a également donné lieu à des divergences. Il y a ceux qui ont proposé l'éducation islamique, d'autres l'histoire-géographie. "M. Sellal, qui était Premier ministre à l'époque, a coupé la poire en deux : le bac devait durer quatre jours, mais avec les mêmes matières. Ce qui est une aberration, car cela aura pour conséquence de surmener l'élève", rappelle M. Mériane, en expliquant qu'"après la sortie des élèves dans la rue, alors on est revenu à cinq jours". Le Snapest a, en revanche, proposé que cette réforme porte essentiellement sur deux points. D'abord, de revenir à trois jours au lieu de cinq jours, pour éviter le stress et la pression sur les élèves, et en même temps de "bonifier les coefficients des matières essentielles pour toutes les filières, notamment les sciences pour les scientifiques et la philosophie pour les littéraires, pour qu'il y ait vraiment une spécialité du bac", a indiqué M. Mériane, en affirmant que "le bac actuellement est beaucoup plus un certificat d'études secondaires". A. R. [email protected]