Le bac «généraliste», avec un total de coefficients de matières secondaires égal ou supérieur à celui des matières essentielles, est pointé du doigt comme étant un facteur favorisant le recours à la fraude. Les efforts des élèves sont souvent dispersés par matières secondaires trop influentes sur la moyenne générale. La multitude de ces matières secondaires fait que l'élève est trop épuisé pour se concentrer aussi sur les matières essentielles. Au final, un élève peut réussir avec une bonne note au bac, même en échouant dans les matières de sa spécialité rien qu'en ayant de bonnes notes dans les matières secondaires, explique Meziane Meriane, qui estime que le baccalauréat peut être considéré plutôt comme «certificat de fin d'études secondaires». Et souvent, constate le coordinateur national du Snapest, les sujets font appel à l'effort de mémorisation poussant les élèves au «parcœurisme» en restituant mot à mot ce qui est noté en classe. «Le plus dramatique, c'est que des élèves apprennent par cœur des dissertations de philosophie», note M. Meriane, qui déplore le recul marqué par les pouvoirs publics dans le dossier de la réforme du baccalauréat ouvert par la ministre actuelle. «Les pouvoirs publics continuent dans leur politique de compromis avec les islamistes et ont reculé sur la révision de cet examen. Le chantier de la réforme de cet examen, ouvert en 2016, a vu la montée au créneau des relais des partis islamistes et conservateurs qui ont mené une campagne virulente contre la suppression des matières secondaires, telles que les sciences islamiques, l'histoire et la géographie… pour les candidats des filières scientifiques et leur programmation dans une session anticipée, pour atteindre l'objectif de réduire la durée de l'examen à trois jours au lieu des cinq actuels. La commission de la réforme du baccalauréat, constituée de représentants d'enseignants, de parents d'élèves et de pédagogues, des représentants du secteur de l'enseignement supérieur, préconise dans le rapport remis au gouvernement plusieurs solutions. On retient notamment celles relatives à l'organisation de sessions décalées, une pour les matières essentielles et une autre pour les secondaires, ainsi que l'instauration d'une fiche de synthèse consistant à prendre en compte la note obtenue en évaluation continue durant toute l'année scolaire.» Ces propositions, qui devaient être «appliquées de façon progressive jusqu'en 2021», n'ont pas vu le jour. Au début de l'année scolaire 2016/2017, la ministre a été contrainte de reprendre le calendrier des épreuves de 5 jours, quelques jours après avoir annoncé la réduction de la durée de l'examen. Le Satef estime que le baccalauréat actuel est un «bac politique», loin de répondre aux exigences pédagogiques et de baromètre d'évaluation des connaissances des candidats et pouvoir dresser leur profil d'entrée à l'université.