Dans son message de Noël, le roi est resté ferme mais a aussi eu des mots d'apaisement envers la Catalogne. Le roi Felipe VI a demandé dimanche soir aux nouveaux élus du parlement catalan, en majorité indépendantiste, d'éviter un nouvel "affrontement" après une tentative de sécession qui a divisé la Catalogne et secoué l'Espagne. À l'occasion de ses vœux de Noël, les quatrièmes depuis son accession au trône en 2014, Felipe VI a averti le nouveau parlement régional qu'il devrait "affronter les problèmes qui affectent tous les Catalans, en respectant la pluralité et en pensant avec responsabilité au bien de tous". "Le chemin ne peut pas mener à nouveau à l'affrontement et à l'exclusion, qui, comme nous le savons déjà, ne génèrent que discorde, incertitude et découragement", a poursuivi le monarque de 49 ans dans son message, enregistré dans un salon du palais royal de la Zarzuela. Cela conduirait à un "appauvrissement moral, civique, et bien sûr économique, de toute une société", a averti Felipe VI, trois jours après des élections en Catalogne remportées par les partis indépendantistes avec 47,5% des voix, mais au cours desquelles leurs adversaires les plus résolus, le parti Ciudadanos, ont remporté le plus de voix. Après des mois de la pire crise politique qu'ait connue l'Espagne en 40 ans de démocratie, les indépendantistes menés par Carles Puigdemont avaient été destitués le 27 octobre par le chef du gouvernement central Mariano Rajoy quand ils avaient tenté de faire sécession de l'Espagne sur la base d'un référendum d'autodétermination interdit par la justice. Le 3 octobre, deux jours après ce référendum, le roi avait dénoncé la "déloyauté inadmissible" des dirigeants catalans dans une allocution d'une fermeté sans précédent qui lui avait valu une volée de critiques en Catalogne. Dans son message de Noël, le roi est resté ferme mais a aussi eu des mots d'apaisement envers la Catalogne. Felipe VI a demandé aux futurs dirigeants catalans que "la société catalane, si diverse et plurielle, retrouve la sérénité, la stabilité et le respect mutuel, de manière à ce que les idées n'éloignent et ne séparent plus les familles et les amis". Ils devront veiller à ce que "renaisse la confiance, le prestige et la meilleure image de la Catalogne et que soient affirmées les valeurs qui l'ont toujours caractérisée et lui ont donné les meilleurs moments de son histoire : sa capacité d'entraînement et d'effort, son esprit créatif et sa vocation d'ouverture et son sens des responsabilités", a souhaité le roi. L'Espagne est "une démocratie mature, où chaque citoyen peut penser, défendre et contester, librement et démocratiquement, ses opinions et ses idées, mais pas imposer ses idées" aux autres, a souligné Felipe VI. Les indépendantistes doivent dorénavant réussir à former un gouvernement, alors même que leurs leaders, poursuivis pour "rébellion" et "sédition" pour leur rôle dans la marche vers l'indépendance de la Catalogne, sont pour certains en prison ou à l'étranger. Vendredi, Mariano Rajoy a enjoint au futur gouvernement catalan de renoncer aux "décisions unilatérales". Depuis le début de la crise catalane, le gouvernement central dirigé par le conservateur Mariano Rajoy et les partisans du maintien de la Catalogne en Espagne ont mis en exergue les risques du processus sécessionniste pour l'économie de cette région. Plus de 3100 entreprises ont déplacé leur siège social hors de Catalogne, fuyant l'incertitude provoquée par une possible indépendance. Le tourisme, vital pour elle, a également souffert. Les partisans de l'unité de l'Espagne n'ont cessé d'accuser leurs adversaires séparatistes d'avoir profondément divisé la société catalane. R. I.