Des centaines de milliers de partisans de l'unité de l'Espagne ont déferlé dans les rues de Barcelone dimanche, deux jours après la proclamation de la "République catalane" par le parlement. La grande manifestation s'est dispersée dans le calme après avoir défilé sur le Paseig de Gracia, inondé de drapeaux espagnols et catalans, et où résonnait régulièrement le slogan "Puigdemont, en prison!", en référence au président indépendantiste catalan destitué vendredi par Madrid. Selon la police municipale ils étaient 300.000, tandis que la préfecture et les organisateurs évoquaient une participation allant d'un à 1,3 million de personnes. La région vit les événements avec un grand sentiment d'incertitude, alors que Carles Puigdemont a appelé samedi ses partisans à s'opposer pacifiquement à l'Etat, qui tente de reprendre le contrôle après la déclaration d'indépendance de vendredi. L'enquête, réalisée avant la déclaration d'indépendance, accorde 42,5% des voix aux sécessionnistes et 54,5% aux non-indépendantistes. La Catalogne, qui a toujours entretenu des relations complexes avec Madrid, a sa propre langue et sa culture, mais sur ses 7,5 millions d'habitants, plus de la moitié viennent d'ailleurs ou sont des enfants issus de familles d'autres régions d'Espagne. Le défi institutionnel posé par les indépendantistes est sans précédent depuis que l'Espagne a retrouvé la démocratie en 1977, même si elle a aussi été secouée par les violences liées à la lutte de l'organisation séparatiste armée basque ETA, tenue pour responsable de plus de 800 morts et qui a renoncé à la violence il y a six ans. Lundi, les fonctionnaires de la région doivent reprendre le travail, cette fois sous les ordres de Madrid, et alors que M. Rajoy pourrait faire face à l'éventuelle désobéissance du gouvernement destitué. Ce dernier pourrait tenter de reprendre ses travaux, lui aussi.