Le gouvernement vient d'interdire l'importation en 2018 de 1 000 produits, essentiellement des produits alimentaires. En fait, la liste dont Liberté détient une copie inclut 851 positions tarifaires. Dans cette longue énumération de produits alimentaires interdits à l'importation figurent les fruits et légumes, tels que pomme de terre, carotte, navet, olives, pomme, poire, orange, mandarine, raisin avocat, ananas, kiwi, noix de cajou, noisettes, pistache, amandes, arachides (fruits secs). Les viandes congelées ou fraîches d'ovin, de poulet, de dinde seront interdites à l'importation à partir de janvier prochain. Idem pour le fromage, les laits, crèmes de lait, yaourts, chocolat, bonbons, caramels, corn-flakes, concentré de tomate, harissa, sardine à l'huile, thon, mayonnaise, moutarde, ketchup, sauce à pizza, jus, eaux minérales, pâtes, confitures, pomme de terre et petits pois préparés, aromes destinés à l'industrie agroalimentaire. La banane, l'ail, la viande bovine fraîche ne sont pas interdits à l'importation. On peut se demander si cette interdiction provisoire sera maintenue tout au long de l'année ou suspendue pendant le mois de carême où certains produits sont très demandés. La suspension de l'importation d'amandes, d'arachides, d'ananas et de certains produits risque de poser des problèmes quand il s'agira de faire ou de préparer les gâteaux pour les mariages. La production nationale, à première vue, ne couvre pas toute cette gamme de produits et n'assure pas dans ceertains cas la même qualité. Quant aux produits non alimentaires, citons les téléphones portables, les produits électroménagers, tels que les climatiseurs, les réfrigérateurs, les cuisinières, les machines à laver, les congélateurs. Dans cette longue liste figurent également le ciment, le granit, les carreaux en céramique, les produits plastiques, le papier hygiénique, les couches, les serviettes périodiques. Tout cela veut dire que les Algériens seront privés en 2018 de chocolats, notamment Milka et Ferrero, de viandes congelées ovines ou bovines, de bonbons, de corn-flakes importés, d'ananas, de kiwis, d'avocats, au nom de l'austérité. Cette interdiction de 1 000 produits a également son revers. Elle ouvre la voie royale à la contrebande, au cabas. Le risque de corruption des fonctionnaires n'est pas à écarter. On peut se demander si cette liste a été établie après étude d'impact, en un mot, si ces gammes de produits interdits sont couverts par la production nationale. Car ces restrictions ont pour but de réduire la facture d'importation en situation de crise financière et de protéger la production nationale. Mais la réaction d'un entrepreneur montre une insuffisante étude des besoins du marché et de la couverture ou non, partiellement ou totalement par la production nationale des biens frappés par l'interdiction d'importation. "L'interdiction des arômes destinés à la production agroalimentaire nous pénalise", indique le P-DG d'Elafruit, un producteur local de concentré, matière première de base des yaourts, laits fruités produits localement. La production nationale ne couvre pas tous les besoins Le patron de cette entreprise précise que les producteurs d'arômes locaux ne peuvent couvrir totalement ses besoins pour ses recettes de concentré destiné à des producteurs de yaourts, de laits fruités tels que Soummam, Danone, Ramy, NCA Rouiba. En un mot, l'interdiction d'importation d'arômes risque de réduire son chiffre d'affaires et de menacer son activité. "Il faut un minimum de six mois pour que la production nationale d'arômes puisse répondre aux besoins de recettes de concentré d'Elafruit." À noter que cette société contribue à l'intégration de l'industrie agroalimentaire puisque ses recettes de concentré sont conçues par Elafruit en Algérie. Ces concentrés étaient auparavant importés. Elafruit couvre 30% des besoins en concentré. Une partie de ces recettes est homologuée par Danone. Elafruit est en voie de conclure un partenariat avec une multinationale susceptible de couvrir la totalité de la demande du marché domestique et de dégager un excédent à l'exportation. Elafruit exporte, d'ores et dejà, ses produits vers des pays de l'Afrique subsaharienne. K. Remouche