Confusément et par bien des aspects, la note fleure une démarche d'assainissement au forceps. La note a probablement fait l'effet d'une douche froide, pour ne pas dire d'une bombe : le gouvernement d'Ahmed Ouyahia a décidé de ne retenir que cinq entreprises pour le montage de véhicules de tourisme, selon une note publiée par nos confrères de TSA. Il s'agit, comme il fallait sans doute s'y attendre, des marques réputées et assez prisées par les Algériens : SPA Sovac (Volkswagen Seat...), Sarl Tahkout (Hyundai), SPA Renault, Peugeot et Nissan. Pour les camions, autobus et véhicules utilitaires : seuls SPA Frères Salhi, SPA Ival, SARL Tirsam, SPA Saven "des actionnaires Haddad" qui va produire les véhicules Astra et l'Eurl GM Trade des associés Mazouz et Namroud sont autorisés, selon la note. "Les pouvoirs publics ont décidé d'encadrer et de réguler l'activité de production et de montage de véhicules. Le décret exécutif visé en référence vient d'être promulgué à cet effet et accompagné de son cahier des charges, et un Conseil interministériel a été consacré à ce dossier le 11 de ce mois", explique le gouvernement d'Ahmed Ouyahia. Pour les autres entreprises qui ont investi ce créneau, elles sont invitées, rien que cela, à mettre la clé sous le paillasson. "Toute autre entreprise activant dans ce domaine qui n'a pas obtenu l'accord formel des services du ministère de l'Industrie et des Mines, ni reçu l'accord du Conseil national de l'investissement (CNI) est considérée en situation irrégulière et devra cesser ses activités", souligne la note d'Ouyahia, avant de poursuivre : "Les administrations concernées, notamment celle de l'Industrie et des Mines, devront prendre les dispositions nécessaires pour que lesdites entreprises cessent d'importer les intrants nécessaires à leurs activités." Mais, la note du Premier ministère ne fournit pas les critères de sélection des acteurs triés sur le volet pour exercer l'activité même si, à l'évidence, le cahier des charges élaboré à cet effet est censé théoriquement mettre de l'ordre dans un secteur juteux, convoité par beaucoup. Confusément et par bien des aspects, la note fleure une démarche d'assainissement au forceps. Comme pour le feuilleton des licences d'importation, l'encadrement de l'activité du montage de véhicules est marqué depuis quelque temps par une valse-hésitation au sein de l'Exécutif dont beaucoup n'ont pas hésité à la lier aux pressions des lobbies qui essaiment, désormais, dans la sphère économique. L'on se rappelle l'épisode de Tahkout dont l'usine de montage à Tiaret a défrayé la chronique au point d'avoir été tourné en dérision par les Algériens sur les réseaux sociaux. Mais pour les plus avisés, ce subit étalage n'était que la face visible d'une lutte féroce entre les divers prétendants à l'investissement dans le secteur. L'intéressé, lui-même, a crié au "complot". Il y a aussi le "départ" inexpliqué de l'ancien ministre, Abdeslam Bouchouareb, passé jusqu'à alors pour un inamovible, et celui, plus récent encore, de l'éphémère ministre de l'Industrie, Mahdjoub Bedda, dont l'un des premiers chantiers ouverts était de "réorganiser le secteur pour encourager et attirer les investisseurs et ne pas se limiter à l'importation". "L'importation déguisée, c'est terminé en Algérie !", avait-il promis, en juillet dernier, dans une allusion à peine voilée à ce qui était révélé sur... Tahkout, celui-là même qui fait désormais partie du cercle restreint des "heureux bénéficiaires". On connaît la suite et son sort : il sera remplacé au pied levé. Si aujourd'hui, au regard de la conjoncture économique, la démarche de l'Exécutif vise à mettre de l'ordre dans le secteur, il reste que la "sélection" se décline comme le fruit d'un lobbying mené par ceux qui disposent de relais puissants au sein des cercles décideurs. D'où ces cris au "scandale" de ceux qui sont laissés sur le carreau. Karim K.