La Banque d'Algérie a fait démarrer la planche à billets ou financement non conventionnel, c'est-à-dire l'impression d'une quantité supplémentaire de nouveaux billets à partir de décembre dernier. Le nouveau gouvernement a surpris bien des observateurs de la scène économique nationale en annonçant dans son plan d'action le recours à la planche à billets comme principale mesure de la feuille de route de l'exécutif en vue de surmonter la crise financière qui affecte le pays. Pour faire passer cette mesure à l'APN, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a affirmé que la situation financière du pays est très alarmante : "L'Algérie n'a pas de quoi payer les salaires des fonctionnaires en novembre de l'année en cours." Mais après l'adoption de la révision de loi, monnaie et crédit, qui autorise la banque centrale à recourir à la planche à billets, c'est-à-dire l'émission de nouveaux billets ainsi que le plan d'action du gouvernement, le discours officiel devient plus optimiste sur la situation économique du pays. D'ailleurs, contrairement à l'affirmation du Premier ministre, la Banque d'Algérie n'a commencé à actionner la planche à billets qu'à partir de décembre 2017. Dans ces textes, le gouvernement a fixé la destination de cet argent, correspondant à des besoins d'environ 500 milliards de dinars en 2017 : réduire le déficit budgétaire, réduire la dette intérieure et financer les investissements publics via le FNI. Selon cette feuille de route, l'exécutif utilisera ce moyen de renflouer les caisses de l'Etat également en 2018, 2019 et 2020. Cette nouvelle manne va sans doute permettre de faire face au problème des impayés au titre de la situation de travaux des entreprises du BTPH : une enveloppe de 400 milliards de dinars est prévue dans la loi de finances 2018 pour régler ces créances impayées. Elle contribuera également à assurer la croissance du budget d'équipement en 2018, réduit en 2017. Cette disponibilité d'argent frais explique la volonté du gouvernement de relancer les projets des secteurs de l'éducation, de la santé, des infrastructures, gelés par le gouvernement précédent. Bémol, un grand nombre d'experts estime que le recours à la planche à billets entraînera une inflation à deux chiffres et une forte dévaluation du dinar. Les justifications du Premier ministre : L'Algérie n'a pas de quoi payer les salaires des fonctionnaires en novembre, et les affirmations alarmistes d'autres experts entraînent un manque de confiance en l'avenir de l'économie nationale. Au square Port-Saïd, c'est la ruée sur l'euro. En face, pas d'action significative sur le terrain en matière d'augmentation de la productivité, de la production ou de l'offre, qui aurait pu accompagner cette manne supplémentaire en monnaie locale et qui pourrait freiner la chute de la monnaie nationale en 2018. K. Remouche