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"Je n'ai pas pu venir avant, parce que j'étais la victime d'une idéologie stupide" Le chanteur Idir lors d'une conférence de presse tenue hier à la coupole d'Alger
En amont de son passage à la Coupole d'Alger après 38 ans d'absence de la scène algérienne, le chanteur Idir a donné une conférence de presse, hier, à la Coupole du 5-Juillet, où il est revenu sur ce come-back exceptionnel. Le chanteur Idir a donné une conférence de presse hier en amont de son concert intitulé "Les retrouvailles" qui aura lieu, ce soir, à la Coupole du 5-Juillet (Alger), après 39 ans d'absence. D'emblée, l'artiste corrélera son grand retour avec la situation de la culture amazighe en Algérie en déclarant qu'"enfin, connaît une période où les choses commencent à se désamorcer, les gens commencent à se connaître et à se reconnaître. J'y vois là l'ébauche d'un futur prometteur". L'officialisation de tamazight, et, plus récemment celle de Yennayer, étaient les raisons qui ont amené le chanteur à renouer — artistiquement, puisque, dira-t-il, "je viens souvent en Algérie dans le cadre de ma vie personnelle" — avec son pays natal. "Depuis qu'ils ont officialisé la culture amazighe, je me dis que c'est peut-être le moment de revenir, même s'il y a encore des choses à revendiquer." Et d'ajouter concernant sa longue absence de près de quarante ans : "Je n'ai pas voulu venir avant car j'ai été la victime d'une idéologie un peu stupide, qui tendait à exclure tous ceux qui ne ressemblent pas à ce qu'ils ont institué. Politiquement, il s'est passé des choses qui m'ont un peu blessé, parce que je me suis toujours considéré comme un Algérien à part entière. Mais dans leurs actes, leurs paroles, ils m'ont donné une identité, une langue et un passeport où est inscrit nationalité algérienne, sans donner le droit à mon identité ou à ma langue de l'être." Faisant le constat de la génération actuelle de chanteurs d'expression kabyle, il lancera : "Je ne retrouve pas cette prise de conscience ou cette méthodologie pour avancer au niveau de l'art actuellement. Par contre, j'ai rencontré de très belles voix et de belles musiques, mais on ne s'identifie malheureusement pas à ces chanteurs. On ne peut pas écouter du Aït Menguellet, du Matoub ou même du Idir sans s'identifier." Même si, selon l'artiste, plusieurs chanteurs français "ont émis le souhait de venir chanter en Algérie", comme Louis Chedid et Gérard Lenorman, le cas de Patrick Bruel reste spécial selon l'interprète de Ssendou, car "avec toutes les questions que ses origines posent, cela devenait un peu problématique. Mais si cela ne tenait qu'à moi, je l'aurais ramené, parce que je n'ai pas à faire de spéculations à ce sujet". Et de rebondir à propos de l'hommage de Bruel à la révolution du Jasmin avec la chanson Les larmes de leur père. "Moi aussi, j'ai vécu un printemps dramatique. L'Algérie a perdu 127 jeunes de moins de 20 ans. Il fallait en parler parce que c'était une injustice flagrante. On s'est mis d'accord pour chanter toute ces choses-là avec Patrick, afin de rendre hommage à ces jeunes." Par ailleurs, et coïncidant avec le centenaire de la naissance de Mouloud Mammeri, le chanteur dira qu'un hommage lui sera rendu sur scène, avec la présence d'une chorale d'Ath Yenni, qui "reprendra une chanson que j'ai faite en l'honneur de l'écrivain, et une de Michael Jackson". Le prix du billet, fixé à 3 000 DA, est jugé excessif même par le chanteur. Yasmine Azzouz