Le contenu de la nouvelle résolution sur le Sahara occidental, qui sera votée aujourd'hui par le Conseil de sécurité des Nations unies, divise ses quinze membres, dont une partie le juge déséquilibré. Proposé par les Etats-Unis, le projet de résolution sur le Sahara occidental est loin de faire l'unanimité parmi les membres du Conseil de sécurité de l'ONU. Pis, les premières discussions, entamées mardi, ont révélé de grandes divergences sur le contenu du projet américain, jugé "déséquilibré" par, notamment, l'Uruguay et la Russie. Aucun consensus ne s'est dégagé. En effet, ni la réunion du groupe des amis du Sahara occidental au Conseil de sécurité ni celle élargie à tous les membres n'ont permis de rapprocher les positions des uns et des autres. La disposition exigeant le retrait immédiat du Front Polisario de la zone d'El-Guergarat aura constitué la pomme de discorde entre les différentes parties. Sur ce point, l'Uruguay a estimé qu'il ne fournit pas les causes qui étaient à l'origine de la crise d'El-Guergarat en référence à la violation de l'accord de cessez-le-feu par le Maroc qui a provoqué les tensions dans cette zone tampon surveillée par la Minurso. Les tractations restent serrées avant son adoption prévue aujourd'hui. Dans des déclarations à l'agence APS, le représentant du Front Polisario auprès de l'ONU, Ahmed Boukhari, a affirmé que "le Maroc et la France sont en train de pousser à l'extrême jusqu'à demander le retrait immédiat et sans condition du Front Polisario d'El-Guergarat". Selon lui, la France et quelques amis inconnus du Maroc ont eu une grande influence sur la rédaction de la première mouture du projet. M. Boukhari a estimé que pour la situation à El-Guergarat, "il fallait s'attaquer aux causes et aux conséquences de la crise", tout en expliquant que le problème a commencé quand le Maroc a voulu achever un projet de route traversant cette zone interdite par les accords militaires. "La violation des termes du cessez-le-feu était à l'origine de la crise et met en péril tout le processus de paix au Sahara occidental", a souligné le représentant sahraoui à l'ONU. Ce dernier a rappelé que le Front Polisario a proposé aux Nations unies l'envoi d'une commission technique pour examiner sur le terrain la violation du cessez-le-feu, mais la France et le Maroc s'y sont opposés en essayant d'impliquer le Conseil de sécurité dans la légitimation des actes de Rabat. Il a fait savoir que le Front Polisario allait "attendre la fin des discussions sur ce projet de résolution pour se positionner publiquement sur l'ensemble du processus de paix, y compris sur la situation à El-Guergarat". Ceci étant, le Conseil de sécurité insiste sur la nécessité pour le Secrétariat général de l'ONU de relancer les négociations, à l'arrêt depuis 2012, avec "une nouvelle dynamique". Antonio Guterres avait déjà déclaré que l'organe exécutif des Nations unies avait enjoint au Secrétariat général de faciliter des négociations directes entre les deux parties, qui doivent aboutir à l'autodétermination du peuple sahraoui. Le vote d'aujourd'hui sera déterminant pour la relance des négociations entre le Maroc et le Front Polisario, en attendant la confirmation de la nomination de l'ancien président allemand Horst Kohler comme nouvel envoyé personnel pour le Sahara occidental après la démission de l'Américain Christopher Ross.