Il urge de sauver Aïn Bir Djebah qui fut immortalisée par le regretté chanteur chaâbi el-hadj M'hamed El-Anka, qui signa pour la postérité la notoriété de la fontaine, par l'immortelle qasida "Soubhan Allah Yaltif, Bi Bir Djebah Nahlef", du célèbre poète Mustapha Toumi. La pluie n'est plus qu'une malédiction pour les Casbadjis ! À ce propos, c'est toute la médina qui retient son souffle à tout moment où le ciel se dégrade et fait craindre le pire pour le vieux bâti mais aussi pour Aïn Bir Djebah où ils puisent l'eau. Donc, autant dire qu'il y a péril au puits de l'apiculteur, notamment à son flanc droit qui s'était effondré lors des pluies de décembre 2017. Pis encore, ce qui devait arriver arriva, avec l'apparition de l'inquiétante fissure qui a enlaidi la façade latérale de la fontaine du côté de l'impasse Ahmed-Bendermie (ex-impasse du Palmier), a-t-on observé lors de notre passage. Et depuis, l'éboulis boueux gît ainsi sur l'aile droite de la fontaine, sans que les décombres préoccupent l'agenda du personnel du service de l'urbanisme de la municipalité de La Casbah, a-t-on su du voisinage. Autrement dit, l'état de la fontaine est d'autant plus alarmant qu'elle risque de s'effondrer sous la poussée des vestiges d'une "douéra" (bâtisse traditionnelle) bâtie au-dessus de "l'âaouina" et qui s'était écroulée sur l'embrasure de la fontaine. D'ailleurs, la poussée des terres est visible à l'œil nu, du fait que l'auvent s'inclinait dangereusement lors de notre passage. Certes qu'au-delà de l'impact de la pluie, il y a eu également l'affront perpétré par la main de l'homme qui croyait bien faire de déblayer au-dessus de la fontaine afin de construire une maison, a-t-on appris des riverains ! Mal lui en a pris, puisque le squatteur fut évacué manu militari par les agents de l'ordre public. Toutefois, le mal était fait, étant donné que l'indu occupant a eu le temps de creuser le sol pour d'éventuelles fondations (sic), d'où s'infiltrent les eaux pluviales. Et depuis, l'endroit est devenu ce lieu de prédilection où affluent les adeptes de beuveries qui viennent honorer Bacchus, a-t-on appris du voisinage. Avec d'incessants va-et-vient et de bivouacs nocturnes, le poids de l'agitation noctambule s'en ressent sur Aïn Bir Djebah ainsi que sur la tranquillité de l'îlot. Située à la Haute-Casbah, à la croisée des z'niqat (venelles) Boudries père et fils (ex-rue de Thèbes) et Sidi M'hamed-Chérif, Aïn Bir Djebah symbolise ce haut lieu de la résistance dédié à la mémoire des fidaïne Ahmed Belamine, Radhi H'mida, Rahal Boualem, qui était âgé de 17 ans, et Touati Saïd qui furent guillotinés le 20 juin 1957 à la prison de Barberousse. Voilà pourquoi il urge de sauver Aïn Bir Djebah qui fut immortalisée par le regretté chanteur chaâbi Aït Ouarab Mohamed Idir, dit el-hadj M'hamed El-Anka (1907-1978), qui signa pour la postérité la notoriété de la fontaine de Bir Djebah, par l'immortelle qasida Soubhan Allah Yaltif, Bi Bir Djebah Nahlef, du célèbre poète Mustapha Toumi (1937-2013). Gageons qu'il y aura l'élan salvateur de l'autorité pour la sauvegarde de Aïn Bir Djebah, cette perle d'eau qui abreuva, des générations durant, ses visiteurs. L'appel sera-t-il entendu ? Louhal Nourreddine