Du côté de l'avenue… Tripolitaine et “chaotique”, l'intérêt du moment est au pied même du mur et pas n'importe quel muret. Non qu'il s'agisse d'aquarelles de graffitis qu'ont esquissé des générations durant d'anonymes “hitistes”, mais du mur de l'enfilade d'arcades d'echarchar (la cascade) d'El Hamma, en face du luxuriant Jardin d'essai de la houma (quartier) de Belouizdad. S'il en est, c'est l'urgence de l'heure qu'a consigné sur son mémorandum le “beylicat” d'Hussein-Dey qu'est d'un cran au-dessus d'une municipalité. Au demeurant, la wilaya déléguée désire apporter ainsi sa pierre à l'embellissement du mur du… siècle qui est au piedmont de l'ancien Mustapha supérieur et où se cantonnaient naguère Cervantès, le captif d'Alger, et la horde de rats du Musée national des beaux-arts. S'il en est, et bien qu'il soit tari à tout jamais ? Les ronds-de-cuir de la wilaya déléguée veulent y apporter coûte que coûte un peu d'… eau au… “moulin” d'charchar qu'était autrefois la destination de prédilection de jeunes filles désireuses de convoler en justes noces. Et, à l'instar de leurs sœurs du lieu-dit Qâa essour (pied du rempart) à Bab El Oued, elles venaient en ce lieu pour y humecter leur mouchoir d'un torrent d'ambiance festive et s'abreuver d'un chapelet de médisances qui coulait de… source. Celle-ci, la fontaine, est, selon les anciens récits, une fresque d'avant la conquête d'Alger qu'a conduit en 1830 l'infâme de Bourmont… “contait” le fronton de la fontaine d'El Hamma ou l'antre des niaiseries de tendres grand-mères. Si tant est d'agréables clapotis, qu'elle inspira des contingents d'artistes peintres, particulièrement les pensionnaires de la villa Abdeltif. Pour l'histoire, la fontaine d'El Hamma fut creusée d'ahanants efforts par le généreux fontainier Baba Ali Neskis que la vox populi désignait à l'époque sous le sobriquet de Bou-Sebâa. D'autres y apportèrent également leur savoir-faire d'hydraulicien, dont l'Andalou Sta Moussa en l'an 1662. D'ailleurs, et pour la mémoire, voici donc le louange transcrit de l'Ottoman : “Ô Dieu ! Il n'est donc aucune limite à la perfection de ta puissance, puisque à force de creuser la terre, les sources apparurent à la place de l'eau trouble, coulant grâce à ta magnanimité comme une onde saine pour le peuple de la Foi. Abreuve de l'eau du Kawter (fleuve du Paradis) le zélé serviteur de ta bonté ….”. 1173 de l'Hégire (correspondant à la période 1759-1760). C'est tout ça, qui a été omis dans l'énoncé du cahier des charges élaboré par la circonscription administrative d'Hussein-Dey, notamment l'omission de la “donnée” de l'aqueduc long de cinq kilomètres, qui amenait autrefois l'eau jusqu'à Bab Azzoun, l'une des portes de l'antique médina d'Alger. En ce temps-là, l'Alger des Béni Mezghenna et El Djazaïr El Mahroussa (Alger, la bien gardée) s'enorgueillit d'un éventail de 150 fontaines publiques, dont les vestiges “d'Aïn Bir Djebah” où le puits de l'apiculteur de la Haute Casbah qui est entré dans la postérité à la faveur de l'éternelle qacida de Mustapha Toumi Soubhan Allah Yaltif, interprété par le regretté El Hadj M'hamed El Anka, le chantre de la musique châabi. Pour la… chute d'eau tarie à tout jamais, la fontaine d'El Hamma fut classée monument historique en l'an 1911 et restaurée en 1994. Une gageure, si l'on compare l'époque où la situation du pays était au sauve qui peut.