L'hôtel de ville de Paris abritera le 24e Maghreb des livres, ou plus exactement la 1re édition du Maghreb-Orient des livres (Model), qui s'étalera du 2 au 4 février. Comme son nouveau nom l'indique, il s'agira dans cette nouvelle mouture d'exposer et de présenter aussi bien la littérature des cinq pays du Maghreb que celle du Moyen-Orient. Comme chaque année à cette période et depuis 23 ans déjà, l'hôtel de ville de Paris s'apprête à abriter la 24e édition du Maghreb des livres (MDL), ou plus exactement la 1re édition du Maghreb-Orient des livres (Model) qui s'étalera sur 3 jours (de vendredi 2 février à 14h à dimanche 4 février à 18h). Comme son nouveau nom l'indique, il s'agira dans cette nouvelle mouture d'exposer et de présenter aussi bien la littérature des cinq pays du Maghreb que celle du Moyen-Orient (le Machrek, la Turquie, l'Iran et l'Afghanistan) ; une autre façon de s'ouvrir encore plus à la culture de l'Autre en élargissant davantage le cercle des pays participants et en donnant à découvrir et à lire aux visiteurs et lecteurs parisiens – très nombreux à attendre cet événement et à y rester fidèles – des auteurs, des romans et des sensibilités multiples et diverses qui diront toute la richesse d'une littérature qui ne demande qu'à produire beaucoup et à s'épanouir partout. Il va sans dire que de telles initiatives de rapprochement et de vivre-ensemble sont à multiplier et viendront à point nommé pour réchauffer un tant soi peu un climat mondial froid, pour ne pas dire glacial, où les intérêts matériels et les abus de pouvoir font des ravages. Ainsi lit-on sur le communiqué des deux organisateurs – l'association Coup de Soleil et l'iReMMO (Institut de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient) – : "Sollicitée pour héberger un Orient des livres comme elle le fait déjà pour le Maghreb des livres, la Ville de Paris a demandé à Coup de soleil et à l'iReMMO de réfléchir, à titre expérimental, à une manifestation conjointe. Dans le contexte mondial actuel, cette conception a été jugée particulièrement pertinente par les responsables des deux organisations qui ont donc décidé de la mettre en œuvre." Et pour ce faire, une demi-journée a été rajoutée à l'événement ainsi que de nouveaux espaces accordés au sein de l'hôtel de ville pour permettre aux différents exposants et activités de s'y dérouler dans de bonnes conditions. Le salon se déroulera comme à l'accoutumée avec ses deux pôles : celui du livre, composé de grandes librairies (éditions françaises, éditions étrangères, éditions jeunesse), de tables destinées aux ventes-dédicaces des auteurs invités (35 auteurs "Orient" et 105 auteurs "Maghreb"), et des entretiens, lectures et cafés littéraires ; et un autre pôle dédié au débat avec des cartes blanches, des rencontres et des tables rondes. L'art et la gastronomie ne seront pas en reste, puisque des expositions de dessins, de peintures et de photos agrémenteront les lieux, et le café maure habituel y sera au grand plaisir des gourmets. Entre autres auteurs invités, il y aura Kaouther Adimi, Ali Becheur, Bahiyyi Nakhjavani, Rachid Benzine, Guy Bedos, Azouz Begag, Nedim Gûrsel, Georges Corm, Kamel Daoud, Elias Khouri et bien d'autres noms encore qui viendront signer leur nouvelle œuvre, débattre d'une thématique donnée et dialoguer avec leur public. Et comme sujets épineux ou d'actualité, il sera question tout au long de ces trois jours d'"Exil, migrations et diasporas", "40 ans de politique de la ville", "L'émergence des auteurs du Maghreb dans l'édition française", "Vivre dans l'empire ottoman", "Villes plurielles" et autres sujets. Et comme l'ont souligné déjà les habitués de ce Salon lors de l'édition 2017, ce Model gagnerait à rassembler davantage de lecteurs s'il donnait plus de visibilité et d'espace à ces éditions étrangères invitées et hébergées au cours de ces trois journées, plutôt qu'à la production locale qui existe partout en librairies en France et n'a donc pas besoin d'accaparer autant les lieux, car ils étaient nombreux à dire que si le lecteur parisien attend ce salon chaque année avec ferveur et se déplace de loin pour y assister, ce n'est pas pour acheter des livres d'éditeurs locaux mais pour acquérir et connaître des auteurs et des publications du Maghreb qu'on ne trouve malheureusement pas en librairie en France. Par ailleurs, il est vrai qu'un Salon du livre, aussi riche en rencontres soit-il, ne peut être exhaustif, ni par le nombre d'auteurs invités ni par les sujets traités, car ils sont fort nombreux, mais ce qui y est fait a déjà le mérite d'exister. Il va sans dire que la programmation de telles activités livresques dépend souvent du choix culturel – et parfois même politique – des organisateurs ; parfois, ce choix est contesté par certains visiteurs et cela s'en ressent à travers les débats animés et virulents qui s'ensuivent. Toujours est-il, ce rendez-vous annuel qui se bat continuellement pour survivre et qui devient incontournable devrait servir d'exemple à d'autres régions, notamment à ces mêmes pays invités en envisageant une sorte d'échanges réciproques, histoire de diversifier les horizons et de permettre à d'autres publics lecteurs d'en bénéficier. Là où la politique a échoué, la littérature pourra peut-être, un jour, gagner... Samira Bendris-Oulebsir