Prévenir des ruptures d'approvisionnement en carburants sur le marché local, telle est la justification du premier responsable de la compagnie pétrolière nationale. Sonatrach va faire raffiner une partie de son pétrole dans une raffinerie italienne et en récupérer du carburant, une nouvelle stratégie toute particulière évoquée, hier, par son P-DG, Abdelmoumen Ould Kaddour, à l'occasion d'une visite de travail au complexe gazier de Tiguentourine (Ilizi). La compagnie nationale d'hydrocarbures a, à cet effet, signé, lundi dernier, un contrat de processing avec une raffinerie pétrolière italienne, a-t-il indiqué. M. Ould Kaddour semble ainsi préférer cette formule à l'importation de carburants. Il le dit en ces termes : l'Algérie ne pourrait plus continuer à importer les carburants pour près de 2 milliards de dollars par an. Mais que recouvre la notion "contrat de processing" dans ce cas de figure ? Le premier responsable de Sonatrach explique : il s'agit pour l'entreprise qu'il dirige de "louer les équipements du raffineur italien sur place et de procéder aux opérations de raffinage en Italie, ce qui permettra à Sonatrach de récupérer les carburants obtenus à un prix moins élevé". Et de préciser que ce contrat de processing a été signé suite à un appel d'offres international lancé par la compagnie pétrolière algérienne. M. Ould Kaddour s'est, toutefois, gardé d'entrer dans les détails de ce contrat. Il a, par ailleurs, annoncé que son groupe comptait lancer au minimum deux projets dans la pétrochimie. Le raffinage est, depuis quelques années, sur une mauvaise pente, dans le pays. Avec des raffineries vieillissantes, la transformation du pétrole brut a, en effet, beaucoup baissé, faisant peser un risque de déséquilibre considérable entre l'offre en produits pétroliers et la consommation. En termes chiffrés, 11,5 millions de tonnes de carburants sont raffinés en Algérie, alors que la consommation a atteint 15 millions de tonnes de carburants annuellement. Ainsi, pour répondre aux besoins nationaux en produis dérivés dont le gasoil, Sonatrach a lancé un programme de développement de l'industrie du raffinage, gardant en fait deux fers au feu : réhabiliter de vieilles raffineries et en créer de nouvelles, l'objectif étant de rehausser les capacités de production et de traitement des produits dérivés pour répondre aux besoins nationaux, et en exporter les excédents. Tout indique cependant que cela est plus facile à dire qu'à faire, dans un pays où la production des hydrocarbures a du mal à se reprendre. Le plan de réhabilitation, c'est 4,5 milliards de dollars. Il concerne les raffineries d'Alger, d'Arzew et de Skikda. Avant sa rénovation, la raffinerie d'Arzew traitait 2,5 millions de tonnes/an de pétrole brut saharien et 280 000 tonnes de pétrole importé. Aujourd'hui, sa capacité de traitement est passée à 3,8 millions de tonnes/an. Pour ce qui est de la raffinerie de condensat de Skikda, qui disposait d'une capacité de traitement de 5 millions de tonnes/an et 20 000 tonnes de bitumes, elle traite, après rénovation, 980 000 tonnes de gasoil, 550 000 tonnes de fuel et 490 000 tonnes d'essence normale ainsi que 120 000 tonnes de bitumes. La raffinerie d'Alger, une fois mise en service, verra sa capacité de production en gasoil passer de 737 000 tonnes/an à 1,18 million de tonnes/an, ainsi qu'un doublement de la capacité de production de l'essence super avec une hausse conséquente des capacités de stockage de carburants. La raffinerie d'Alger devra être livrée en décembre 2018 tandis que les travaux de réalisation de la raffinerie de Hassi-Messaoud seront entamés au cours de l'année 2018, et l'appel d'offres pour la raffinerie de Tiaret sera lancé dans les prochains mois. Youcef Salami