S'il n'a pas été aussi radical et catégorique que son alter ego de l'USM El-Harrach, Mohamed Laïb, qui affirma clairement que "le BF n'avait pas à décider" dans l'épineux dossier de l'interdiction ou non de recrutement, le président de la LFP, Mahfoud Kerbadj, a assuré hier sur les ondes de la Chaîne 3 que "tout sera plus clair dimanche" à l'occasion justement de la réunion du bureau fédéral. "Dimanche, tout sera réétudié, notamment pour ce qui touche aux affaires qui ont été traitées par la justice (civile). On ne s'est pas encore prononcé à ce sujet. Avant, on les écartait. Que celui qui avait saisi la justice n'avait qu'à assumer sa démarche. Les plaignants n'avaient pas le droit d'aller vers la justice civile, mais plutôt devaient saisir la CRL. Maintenant, si on écarte les affaires traitées en justice, je pense que tous les clubs pourraient recruter, car ils sont tous en dessous du seuil toléré du milliard de centimes", indiquera Kerbadj, avant d'insister sur le fait qu'"aucun club sanctionné par l'interdiction de recrutement n'a bénéficié de licences pour qualifier les joueurs engagés durant le mercato hivernal". "40 joueurs dont 6 étrangers ne sont pas qualifiés pour l'instant. Le CRB, l'USMH, l'USMB, le MCO, le RCK, le CRBAF et le CAB, entre autres, sont interdits de recrutement. Aucun club n'a bénéficié de licences. Exception faite de l'ESS en raison de la nécessité de qualifier ses éléments pour la C1 africaine. Je le répète, aucun de ces clubs n'a pris les licences des joueurs recrutés cet hiver. De ce fait, ils ne peuvent pas jouer ce week-end. J'espère toutefois qu'une décision définitive sera prise dimanche", assurera le patron de la LFP pour lequel "on ne gère pas le football comme on gère des affaires de justice". "Il est impératif d'étudier en amont l'impact de toute décision pour ne pas avoir à revivre le scénario de l'US Biskra qui a vu 10 de ses joueurs être libérés d'un coup", précisera un Kerbadj quelque peu contrarié et "gêné" par ce "mélange et cette confusion des rôles entre la CRL et la CD". "L'interdiction de recrutement, normalement, c'est la CD qui décide ! C'est les dispositions de la FIFA qui le disent. Pour rappel, la saison dernière, des points ont été défalqués au RCR, au RCA et au MCEE conformément à ces mêmes dispositions", tancera ledit responsable. Et si Hammar osait ? Ayant juré de faire jouer ses recrues hivernales dès ce week-end en dépit de l'interdiction qui frappe son club, le président de l'Entente de Sétif, Hassan Hammar, risque de créer un grave précédent au cas où il irait au bout de sa démarche. Ceci pour la simple et bonne raison que son club n'a bénéficié des licences des éléments recrutés cet hiver qu'à la faveur de son statut de représentant du pays en Champions League africaine. Comme l'a si bien expliqué Kerbadj dans son intervention hier, l'ESS a obtenu les licences de ses joueurs pour pouvoir les qualifier en vue de la compétition continentale. Mais fort de cet acquis, quand bien même circonstanciel, Hammar semble vouloir forcer la main à l'instance fédérale en allant à contre-sens des décisions de la CRL et de la CD en s'obstinant à faire jouer ses recrues. Ce qui créerait, sans nul doute, une grosse polémique et provoquerait une levée de boucliers des autres clubs concernés par cette même interdiction de recrutement, à l'image du MCO, de l'USMH et du CRB. Laïb : "Le BF n'a pas à décider !" Son club étant particulièrement touché par ce sempiternel problème de dettes, principal obstacle devant la qualification de ses recrues, le président-revenant de l'USM El-Harrach, Mohamed Laïb, a clairement affiché hier son "opposition" face au diktat du BF qu'il estime "pas en droit de décider des affaires des clubs". "Le bureau fédéral n'a pas à décider ! De quel droit ce BF s'immisce-t-il dans les affaires des SPA ? C'est comme si, dans une société privée ou une usine qui avait un conflit avec un de ses employés pour une affaire d'argent, on lui interdisait de recruter un autre employé ! Or la logique voudrait que cette société recrute selon son bon vouloir et selon ses besoins les employés qu'elle veut, et au moment où la justice viendrait à rendre son verdict à propos dudit conflit, chaque partie devrait dès lors s'astreindre à ce même verdict ! Pourquoi dès lors ce BF s'octroie le droit de vie ou de mort sur les clubs ?", pestera, à ce propos, un Laïb qui critiquera aussi vertement "le manque de communication et de la CRL et de la LFP". "Jusqu'à aujourd'hui (hier à la mi-journée), nous n'avons reçu aucune notification nous informant de ladite interdiction de recrutement. Le pire est que personne ne répond à nos sollicitations, personne ne répond à nos interrogations, à nos courriers ! Ni la CRL, ni la LFP, ni personne d'autre !", tancera-t-il, comme pour mettre davantage de pression sur les instances citées, plus particulièrement le bureau fédéral qui se trouve, pour le moins que l'on puisse dire, obligé de trancher, de trouver des solutions et d'assainir la situation sans pour autant "punir" ces recrues qui ne sont aucunement responsables du sort qu'on leur réserve momentanément, à savoir celui de chômeurs de luxe, payés juste pour s'entraîner sans avoir l'autorisation de jouer. Conséquence de ce méli-mélo juridico-financier, rendu encore plus incompréhensible par des immixtions à tout-va et des décisions modulables à souhait, l'autre décision attendue lors de ce BF est celle relative au "futur" de la convention qui lie la FAF à la LFP et qu'on dit prête à être rompue incessamment sous peu par la faute de ces initiatives fédérales qui sont plutôt perçues comme un interventionnisme du côté de l'instance présidée par Kerbadj. Encore faudrait-il patienter jusqu'à la prochaine intersaison, dans la mesure où, juridiquement, il serait inconcevable de rompre un tel engagement contractuel bilatéral sans avoir au préalable épuisé toutes les démarches, pourparlers, discussions, voire négociations. Rachid BELARBI